« On parle si peu avec ceux qu’on aime. Après, il est trop tard, si vite. »
France 2 diffuse ce soir en direct la pièce de théâtre L’éloignement de Loleh Bellon (information que la chaîne omet curieusement de signaler dans la fiche qu’elle consacre à cette émission), avec Pierre Arditi, dans le rôle de l’auteur de théâtre égotiste et hystérique, et Carole Bouquet dans celui de sa femme, qui supporte ses affres et le soutient pendant les deux années qu’il passe à écrire sa pièce. Elle sera un succès.
Mais le prix à payer en est l’éloignement que l’épouse vivra : d’avec sa fille, d’avec ses parents – et là il est trop tard, son père vient d’avoir un accident vasculaire qui le laisse en état de légume avec lequel elle ne pourra sans doute plus communiquer – mais aussi d’avec son mari, tout occupé qu’il était à sa création, à n’écouter que ce qui l’encourageait, le rassurait, le complimentait. C’est ce qu’elle arrive finalement à lui faire entendre – là aussi il est peut-être trop tard – avant de partir au chevet de son père : « On parle si peu avec ceux qu’on aime. Après, il est trop tard, si vite. »
Métaphore de l’incommunicabilité et de l’aveuglément dans le couple, sur l’éloignement graduel de l’un sans même que l’autre s’en aperçoive – trop occupé qu’il est par sa propre personne, par sa monomanie, celle de se réaliser –, cette pièce douce-amère qui commence comme une comédie de boulevard se termine en points de suspension : reviendra-t-elle ? La lassitude qu’elle ressent affecte-t-elle son amour pour lui jusqu’au point de non-retour ?
On a particulièrement apprécié le jeu de Carole Bouquet dans la première partie et celui de Pierre Arditi dans la seconde.