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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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24 mai 2009

Devinette socio-musicale

Classé dans : Musique, Progrès, Société — Miklos @ 18:33

De qui est le texte suivant (extrait d’un article) ?

« D’abord – pourquoi parler de la musique française ? La musique, à elle seule, forme un pays qui a sa langue propre – ou du moins qui l’avait. Alle­mande, française, italienne, russe, elle était toujours la musique, avec, seulement, certaines particularités pour chacun de ces cantons européens.

« Elle s’est développée suivant un or­dre régulier depuis le seizième siècle jus­qu’à Claude Debussy. Puis, brusquement, une coupure s’est produite. Nous traver­sons une période de crise, due à ce que les questions techniques ont prédominé dans l’esprit des producteurs et des cri­tiques. Les problèmes de la grammaire et de la syntaxe ont pris à leurs yeux une importance capitale et le public, sti­mulé par eux, a cru nécessaire de se pas­sionner pour ces arcanes, sans y rien comprendre.

« Autrefois, les tendances étaient dif­férentes mais la langue restait la même. Notre époque, au contraire, est celle du babélisme musical ; on a créé des lan­gues particulières alors que seul, l’es­prit devrait prédominer ; ceux-ci veulent une langue traditionnelle ; ceux-là une langue affranchie de toutes les règles du passé et la principale contestation est là. Il s’est ainsi formé dans l’Etat musical de véritables petits groupements politiques qui agissent à la manière des groupes po­litiques ordinaires et cela n’est pas’ pour plaire aux vrais musiciens. (…)

« Aujourd’hui, chacun veut conserver sa person­nalité et s’imposer à la généra­lité ; chacun veut être un « as » ; autre­fois, ni Schumann, ni Wagner, ni Bee­thoven ne cherchaient à être des « as » ; ils cherchaient à écrire de la belle musi­que et rien de plus.

« Puis, nous vivons dans une cité qui est devenue un confluent ; tout s’y dé­verse: éléments étrangers, influences parties de tous les coins du monde, sensi­bilités ethniques, tout se confond, tout se mêle ; nous sommes au paroxysme de l’hétérogénéité ; aucune unité n’appa­raît ; aucun mouvement ne se dessine dans ce tourbillon informe. L’arrivisme contemporain, la trépidation de la vie mo­derne agissent sur les fibres des artistes. A ce propos, il est curieux de constater que plus la vie est devenue confortable, plus l’art est devenu primitif, implacable, féroce ; plus le monde s’est civilisé, plus l’art est retourné vers la barbarie.

« Ce qui caractérise notre époque – et là encore, je ne parle pas seulement de la musique – c’est le déséquilibre qui existe entre les moyens d’expres­sion et l’expression cherchée ; les premiers sont énormes, la seconde est nulle ; la monta­gne accouche chaque fois d’une souris. Ce manque d’appropriation des moyens au but s’observe dans presque toute la production nouvelle ; c’est la perte de ce sens si classique et si français de l’équi­libre, de la mesure. Cet art-là se perd ; souhaitons que le secret ne s’en oublie pas tout à fait et à jamais.

« Désireux de se faire connaître à tout prix et vite, les artistes ne savent plus que dire ni que faire ; l’étrange et l’ab­surde leur paraissent les meilleurs moyens d’attirer sur eux l’attention de la foule ; de nos jours – pour reproduire le mot de Degas – « l’admiration prend la forme de la panique. »

7 commentaires »

  1. Emile Vuillermoz ?

    Commentaire par Giusepe — 29 mai 2009 @ 11:01

  2. Un peu plus ancien encore…

    Commentaire par Miklos — 29 mai 2009 @ 15:22

  3. Je me doutais bien que ce n’était pas contemporain. Le pire, c’est que j’ai l’obscur sentiment d’avoir déjà lu ce texte…
    « Notre époque, celle du Babélisme musical… », ça me dit quelque chose…

    Je médite là dessus, et je referai une autre proposition.

    Commentaire par Giusepe — 29 mai 2009 @ 15:32

  4. L’expression « babélisme musical » se retrouve aussi chez Paul Bourget, dans « Deux ménages » (Les Voyageuses, 1897). Je ne sais si l’auteur mystère l’a trouvé là, en tout cas le texte en question est plus récent…

    La première occurrence que je trouve de « babélisme » (en français, sans le qualiticatif « musical ») remonte à 1836 (in Études grammaticales sur la langue euskarienne, par A.T. d’Abbadie et J.A. Chaho).

    En anglais, il semble plus ancien : James Atkins, « Rector of Long Stanton », est l’auteur de Poems on Babelism; Or, On the Every-way Doings of Atheistical and Bad Men, Etc. Etc., publié en 1805.

    En allemand, on trouve la phrase « Sie nannten sie Babelismus, weil sie, gleichwie an Thurmbau zu Babel, die Sprachen verwirret » dans Das System des Katholicismus in seiner symbolischen Entwickelung de Philipp Marheineke, publié par Mohr und Zimmer en 1810.

    Commentaire par Miklos — 29 mai 2009 @ 16:39

  5. Albert Lavignac ?

    Commentaire par Giusepe — 12 janvier 2010 @ 20:17

  6. Paul Dukas !

    Commentaire par Miklos — 12 janvier 2010 @ 20:31

  7. Damned !

    Commentaire par giusepe — 12 janvier 2010 @ 22:44

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