Élucubrations métoposcopiques sur un portrait de rue
Métoposcopie, subst. fem. Art de deviner le caractère ou l’avenir d’une personne, par l’examen des traits du visage et particulièrement des rides du front. — Trésor de la langue française.
«Beau garçon, à l’œil bleu dont les sourcils froncés renforçaient le reflet métallique, aux lèvres charnues et sinueuses dénotant la sensualité et la souplesse, aux commissures abaissées non par pessimisme, mais, peut-être, par amertume, aux traits accentués, au menton dur, à la chevelure dorée faisant passer sur lui des éclairs de visionnaires, aux mains blanches,» fines, nerveuses, bien faites pour ponctuer des discours — et Dieu sait qu’il était un intarissable parleur ! — il avait tout pour plaire, et ce quelque chose en plus, fait d’un charme chertain et d’une force irrésistible de séduction.
Jean-Louis Bacqué-Grammont et Jean-Paul Roux Mustafa Kemal Atatürk et la Turquie nouvelle. Maisonneuve & Larose, 1982.
«Quoi qu’il en soit, étudiez avec soin la pose de la tête. N’oubliez pas que de toutes les parties du corps humain c’est la plus noble, la plus essentielle, la plus significative. L’artiste ne saurait donc mettre trop d’attention, trop d’amour, pour faire rendre à cette partie, par une pose bien comprise, toute la signifiance dont elle est susceptible.
Eh, mon Dieu ! sans vouloir trop chercher la petite bête, sans s’arrêter aux élucubrations plus ou moins fantaisistes des chiromanciens, des métoposcopes, il existe certaines petites connaissances physiognomiques d’une vérité si courante, que le portraitiste doit les avoir constamment présentes à la mémoire au moment de l’arrangement du modèle.
Ces vérités peuvent se résumer ainsi :
Front. — Sa forme, sa hauteur, sa proportion, sa régularité ou son irrégularité marquent notre façon de penser et de sentir, la disposition et la mesure de nos facultés.
Yeux. — Le coin de l’œil du côté du nez présente-t-il un angle obtus ?
Le visage prend quelque chose d’enfantin.
Présente-t-il un angle aigu ?
Le visage acquiert de la finesse.
Sourcils. — Eux seuls peuvent servir à toute l’expression du visage. Il faut s’attacher à les rendre avec leur juste valeur.
Doucement arqués : physionomie simple et modeste ; horizontaux : caractère mâle et vigoureux ; moitié horizontaux, moitié courbés : bonté ingénue ; rudes et en désordre : vivacité intraitable ; épais, compacts, à poils couchés : jugement mûr et solide, sens droit et rassis ; minces : flegme et faiblesse ; anguleux et entrecoupés : activité d’un esprit productif ; éloignés l’un de l’autre : conception aisée, âme calme et tranquille ; rapprochés des yeux : caractère sérieux ; se rejoignant : trouble de l’esprit et du cœur.
Nez. — Courbé à la racine : commandement, fermeté dans les projets ; rapproché de la ligne droite : âme qui sait agir et souffrir avec tranquillité et énergie ; épine large : facultés supérieures.
Narines. — Petites : esprit timide ; dégagées : grande délicatesse de sentiment.
Joues. — Charnues : appétit sensuel ; maigres et rétrécies : privation de jouissances ; contours gracieux légèrement relevés vers les yeux : générosité et sensibilité.
Menton. — Avancé : esprit positif ; reculé : esprit négatif ; incisé au milieu : esprit judicieux, rassis et résolu ; pointu : ruse ou bonté raffinée ; charnu et double : sensualité ; plat : froideur et sécheresse de tempérament ; petit : timidité ; rond avec fossette : bonté.
Bouche et lèvres — Bouche resserrée, fendue en ligne droite, lèvres peu apparentes : sang-froid, application d’esprit, exactitude et propreté ; bouche remontée aux extrémités : affection, prétention, vanité, malice ; lèvres charnues : sensualité et paresse ; fermées sans effort et d’un dessin correct : réflexion ; entr’ouvertes : caractère plaintif.
Dents. — Petites et courtes : pénétration ; grandes : force corporelle ; longues : faiblesse et timidité ; blanches, bien alignées, débordant quand la bouche s’entr’ouvre : politesse, honnêteté ; lors de la première ouverture des lèvres, quand elles apparaissent avec leurs gencives : froideur et flegme.
Ces petites vérités physiognomiques connues, le portraitiste, dans l’arrangement de son modèle, devra les faire saillir ou les atténuer suivant la beauté ou l’exactitude du portrait qu’il veut faire.
(…) Le portrait, par sa difficulté même, s’élève au premier rang de tous les arts.» Il doit donner, avec les traits d’un visage, l’expression propre à ce visage, le caractère moral de la personne à qui il appartient. Il doit, en un mot, faire jaillir la flamme. Et la photographie, dit Préault, « n’est que la suie de la flamme ! ».
Frédéric Dillaye, La théorie, la pratique et l’art en photographie avec le procédé au gélatino-bromure d’argent. Paris, ca. 1893.
instructif ! (mention particulière pour le copyright de la photo…)
Commentaire par colomba — 29 juin 2009 @ 8:54