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1 janvier 2014

L’an neuf

Classé dans : Actualité, Histoire, Religion — Miklos @ 2:47


Gustave Doré : Druide coupant le gui, 1861 (
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«Le premier jour de l’année, qui commençait autrefois dans les Gaules vers le 20 ou 21 décembre, était, chez nos pères, un jour de réjouissance et de solennité. Avant le lever du soleil, les Druides, accompagnés des Magistrats, et du peuple qui criait au gui l’an neuf, allaient dans une forêt pour cueillir le gui de chêne.

Voici quel était l’ordre de la marche. Les Druides conduisant les taureaux du sacrifice, paraissaient les premiers. Ils étaient suivis des Poètes, des Musiciens, et de leurs disciples initiés aux mystères, qui chantaient des hymnes en l’honneur des divinités du pays. Après eux, venait un Héraut vêtu de blanc, portant en main un caducée, qui était une branche de verveine, entortillée de deux figures de serpents joints ensemble. Trois Druides marchaient de front, immédiatement derrière le Héraut. L’un portait dans un vase le vin du sacrifice, le second le pain, et le troisième la main ou le sceptre de justice. On voyait ensuite s’avancer seul le Chef ou Prince des Druides, revêtu d’une robe blanche, sous une autre de fin lin, avec une ceinture d’or, et la tête couverte d’un chapeau blanc, surmonté d’une houppe de soie blanche, et garni de deux larges bandes qui descendaient sur les épaules, à peu près comme celles des mitres de nos Évêques. Le Roi du pays marchait à côté du Prince des Druides suivi de la noblesse et du peuple.

Lorsqu’on était arrivé dans la forêt, dit M. de Saint-Foix, on dressait avec du gazon, autour du plus beau chêne, un autel triangulaire ; et l’on gravait sur le tronc et sur les deux plus grosses branches les noms des dieux qui passaient pour les plus puissants. Ensuite un Druide, vêtu d’une tunique blanche, montait sur un arbre y coupait le gui avec une serpette d’or tandis que deux autres Druides étaient au pied pour le recevoir dans un linge et prendre bien garde qu’il ne touchât à terre. Les Prêtres tiraient un grand profit de l’eau dans laquelle ils faisaient tremper ce nouveau gui, et persuadaient au peuple qu’elle était lustrale, très efficace contre les sortilèges, et qu’elle guérissait de plusieurs maladies. C’était là ce qu’ils donnaient pour étrennes, aux grands et au peuple. On portait toujours sur soi de cette eau ; l’on en conservait dans les temples ; on en gardait dans les maisons.

Au gui l’an neuf s’est dit depuis d’une quête singulière qui se faisait dans quelques diocèses de France, le premier jour de l’an, pour les cierges de l’église. Une troupe choisie de jeunes gens et de jeunes filles, ayant à leur tête un chef qu’ils appelaient leur follet, était chargée de cette pieuse récolte et faisait dans l’église des extravagances qui approchaient de celles de la fête des fous.

En 1595, cette coutume fut abolie dans le diocèse d’Angers, par une ordonnance synodale ; mais elle se pratiqua hors des églises et la licence devint beaucoup plus grande. Les garçons et les filles couraient de maison en maison, dansant et chantant des chansons dissolues. On fut enfin obligé de proscrire tout à fait une quête si scandaleuse, par une autre ordonnance synodale de 1688. »Dans le Poitou, et spécialement à Châtellerault, les gâteaux que l’on donne aux enfants, au premier jour de l’année, s’appellent au-gui-l’an neuf.

Étrennes françaises. Tribut d’un amateur à sa Nation. Paris, 1787.

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