Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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27 mai 2009

Life in Hell : French cuisine is not what it used to be

Classé dans : Cuisine, Photographie — Miklos @ 0:23

Jeff et Akbar se rendaient de temps à autre au Rom’ Antique. Bien que la salle, profonde et étroite, était enfumée – c’était avant la seconde Révolution française (celle où le Comité de salut public avait interdit de fumer dans les lieux du même nom) –, Jeff y adorait les calamari fritti croustillants à souhait et Akbar les pizzas, dont la pâte était élastique et savoureuse presque comme le produit napolitain d’origine ; ils partageaient le goût pour du Lambrusco (secco), et admiraient le bagout du serveur et l’art avec il adoptait un accent presqu’aussi italien qu’un né natif bien qu’il devait venir d’un continent plus méridional. Enfin, les prix étaient très raisonnables pour le quartier.

Las, rien n’est éternel. Le Rom’ Antique migra pour s’installer quelques mètres plus loin, dans ce qui avait été un éphémère restaurant oriental. La salle était immense, caverneuse, et les nouveaux occupants en avaient préservé le décor de mille-et-une nuits. Il y faisait froid été comme hiver. Mais comme les patrons avaient apporté avec eux leur carte et leur cuistot, Jeff et Akbar s’y rendaient de temps à autre équipés cette fois de parkas et de manteaux d’astrakan.

Mais même là le changement ne se fit pas attendre. D’abord, le serveur volubile partit. Lorsqu’ils s’y rendirent la semaine dernière, ils constatèrent que la carte avait subi un sérieux amaigrissement : le nombre des pizzas s’était considérablement réduit. Mais leur taille aussi, une fois dans l’assiette. Ultimo ma non meno importante, la consistance délavée de leur pâte faisait penser plus à du décongelé pour fast food (bien que le food était assez slow à venir) qu’à l’œuvre d’un pizzaiolo napolitain, et la garniture nageait dans un magma fromager. Aucune raison d’y retourner, se dirent-ils d’un commun accord.

Tchang est de passage à Paris. Akbar l’emmène dans un restaurant atypique : encadré par un pub anglais et un bar de nuit à tendance gay, il est situé dans une grande chapelle médiévale – maintenant souterraine – fort bien restaurée et éclairée. Le mobilier (chaises capitonnées), le linge de table (nappes et serviettes en tissu) et la vaisselle (Guy Degrenne) sont de bonne qualité, la carte, les menus et les prix honnêtes, la propreté de la salle irréprochable et le service chinois.

Cette fois, ils sont assis à une table à la nappe tachée et déchirée dans un coin ; les serviettes sont en papier, et les deux tables voisines sont chargées de vaisselle sale qui semble y avoir été accumulée. Akbar ne peut s’empêcher de penser aux enquêtes d’Envoyé spécial sur les restaurant asiatiques. La carte qu’Akbar reçoit omet curieusement le menu à 18 € et ne contient que ceux qui commencent à 36 €. Le service est plus chinois que jamais : le serveur laconique demande de loin, avant même d’arriver à la table avec les plats, qui a commandé quoi (pourtant il devrait le savoir, c’est lui qui avait pris la commande), place les assiettes sans un mot devant ses clients et s’éclipse. La nourriture et les prix sont égaux à eux-mêmes. Tchang est ravi. Akbar, qui l’est un peu moins, se dit que le personnel devra passer un sacré coup de torchon avant qu’il y revienne.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

26 mai 2009

Ode aux nez rouges

Classé dans : Musique, Photographie — Miklos @ 21:23

A vous qui avez gros nez
S’adresse ma chansonnette.
Venez tous à moy, venez,
Gentils gros nez de pompette ;
Venez donc d’affection
Chanter la perfection
De ces messieurs les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez.

Dieu gard compère Nason !
Je suis de votre brigade.
J’ay ouy, de ma maison,
Qu’il nous faut faire parade
De ces gros nez emperlez.
Ça, ça ! main me baillez,
Vive, vive les gros nez,
Qui sont rouge-boutonnez !

Mon compère, mon amy,
Chantons donc sans moquerie ;
Mon nez pourry à demy
Est de votre confrairie ;
Je ne puis m’en excuser.
Chantons sans nous amuser :
Vive, vive les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez !

Hé, Vertugoy ! qu’est cecy ?
Tous les gros nez sont ensemble :
Ma foy ! j’en veux estre aussy ;
Le mien est beau, ce me semble,
Mon compère, Dieu vous gard !
Mettez tout soucy a part :
Vive, vive les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez !

Le plus gros nez de vous tous,
Fait à rouge muselière,
Nous vienne mettre à trestous
Son nez à nostre derrière ;
II sçaura certainement
S’il y a du sentiment.
Vive, vive les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez !

Ancienne chanson normande, in Charles Nisard, Des chansons populaires chez les anciens et chez le Français. Paris, 1867.

24 mai 2009

Devinette socio-musicale

Classé dans : Musique, Progrès, Société — Miklos @ 18:33

De qui est le texte suivant (extrait d’un article) ?

« D’abord – pourquoi parler de la musique française ? La musique, à elle seule, forme un pays qui a sa langue propre – ou du moins qui l’avait. Alle­mande, française, italienne, russe, elle était toujours la musique, avec, seulement, certaines particularités pour chacun de ces cantons européens.

« Elle s’est développée suivant un or­dre régulier depuis le seizième siècle jus­qu’à Claude Debussy. Puis, brusquement, une coupure s’est produite. Nous traver­sons une période de crise, due à ce que les questions techniques ont prédominé dans l’esprit des producteurs et des cri­tiques. Les problèmes de la grammaire et de la syntaxe ont pris à leurs yeux une importance capitale et le public, sti­mulé par eux, a cru nécessaire de se pas­sionner pour ces arcanes, sans y rien comprendre.

« Autrefois, les tendances étaient dif­férentes mais la langue restait la même. Notre époque, au contraire, est celle du babélisme musical ; on a créé des lan­gues particulières alors que seul, l’es­prit devrait prédominer ; ceux-ci veulent une langue traditionnelle ; ceux-là une langue affranchie de toutes les règles du passé et la principale contestation est là. Il s’est ainsi formé dans l’Etat musical de véritables petits groupements politiques qui agissent à la manière des groupes po­litiques ordinaires et cela n’est pas’ pour plaire aux vrais musiciens. (…)

« Aujourd’hui, chacun veut conserver sa person­nalité et s’imposer à la généra­lité ; chacun veut être un « as » ; autre­fois, ni Schumann, ni Wagner, ni Bee­thoven ne cherchaient à être des « as » ; ils cherchaient à écrire de la belle musi­que et rien de plus.

« Puis, nous vivons dans une cité qui est devenue un confluent ; tout s’y dé­verse: éléments étrangers, influences parties de tous les coins du monde, sensi­bilités ethniques, tout se confond, tout se mêle ; nous sommes au paroxysme de l’hétérogénéité ; aucune unité n’appa­raît ; aucun mouvement ne se dessine dans ce tourbillon informe. L’arrivisme contemporain, la trépidation de la vie mo­derne agissent sur les fibres des artistes. A ce propos, il est curieux de constater que plus la vie est devenue confortable, plus l’art est devenu primitif, implacable, féroce ; plus le monde s’est civilisé, plus l’art est retourné vers la barbarie.

« Ce qui caractérise notre époque – et là encore, je ne parle pas seulement de la musique – c’est le déséquilibre qui existe entre les moyens d’expres­sion et l’expression cherchée ; les premiers sont énormes, la seconde est nulle ; la monta­gne accouche chaque fois d’une souris. Ce manque d’appropriation des moyens au but s’observe dans presque toute la production nouvelle ; c’est la perte de ce sens si classique et si français de l’équi­libre, de la mesure. Cet art-là se perd ; souhaitons que le secret ne s’en oublie pas tout à fait et à jamais.

« Désireux de se faire connaître à tout prix et vite, les artistes ne savent plus que dire ni que faire ; l’étrange et l’ab­surde leur paraissent les meilleurs moyens d’attirer sur eux l’attention de la foule ; de nos jours – pour reproduire le mot de Degas – « l’admiration prend la forme de la panique. »

23 mai 2009

Vue panoramique de Grand Central Terminal (New York City)

Classé dans : Architecture, Lieux, Photographie — Miklos @ 14:09

Utiliser les flèches du clavier pour faire défiler l’image, ou les contrôles en haut à droite de l’image pour zoomer, passer en plein écran, etc.

Autres photos :
• de Grand Central Terminal 
• du musée des Cloisters (art médiéval) 
• du MoMA (art contemporain).

22 mai 2009

A brief history of the glove

Classé dans : Histoire, Lieux, Littérature, Photographie, Société — Miklos @ 23:45


Glove store, Fiumicino airport (Rome)

«The old proverb goes, that for a glove to be well made, three nations must have a hand in it: Spain must dress the leather, France cut the shape, and England sew the seams. At the present time, France has the monopoly, at least in reputation; for not even the best Spanish kid would be preferred to the rat-skins of Paris, nor can the stoutest English sewing compete for favour—we will not speak of excellence— with those slender, easily loosened stitches of French needles, so sure to give way at the ball of the thumb, and in the three-cornered joinings of the fingers. Though, indeed, the French glove sewers use a machine invented by an Englishman, which should secure the wearer against all such mishaps as flying ends and ripped seams; only it does not. But for all their shortcomings, French gloves are unapproachable, even in these days of general commerce and awakened wits, when everybody imitates everybody, and there is no special art left to any one; and neither Cordova nor Dent can give us such well-cut, well-fitting, well-looking, and desirable “hand shoes,” as those delicately tinted marvels to be found on the Boulevards of the Circe of modern cities. . . .

Gloves are very different now to what they used to be, say in Queen Elizabeth’s time, when they were perfumed—then called Frangipanni gloves, from the Italian marquis of the same name, who first invented that delicate art, as well as the special perfume employed; but later the scent was called here the Earl of Oxford’s perfume, from its English chaperon and introducer. . . .

Those  » sweete gloves » were dangerous sometimes. At a time when poisons were so subtle that they could be conveyed in any medium whatsoever—food or clothing indiscriminately— and when gifts of gloves, perfumed delicately, were common among friends—and enemies— sweet-scented hand shoes were as fit instruments of death as anything else; and, unless history belies her, Catherine de Mediéis knew the value of them on more than one occasion. . . .

Gloves were greatly favoured as special presents on New Year’s-day and other solemn occasions of gift-making. By degrees the fashion died out, having first passed through the phases of a glove full of money; then of “glove money” without the glove; until glove- money was a tax long after the meaning of the name had died out, and people had forgotten why it was given or expected. It. was not thought indecorous to present New Year’s-day gloves even to judges, though they might not be worn; at least not in court, where it was de rigueur that a judge appeared bare handed. Was there suspicion of the itching palm beneath salved over with a silver plaister? . . .

Long before our time gloves were worn, and held to be symbolic too. Xenophon speaks of the Persians as effeminate for clothing their head, their feet, and their hands with thick gloves against the cold. Homer speaks of Laertes in his garden, with gardener’s gloves to keep him from the thorns; and another poet, Varro the Roman, says that olives gathered by the naked hand are better than those plucked with gloves. The Chinese think differently about their tea. Athenseus, in his Deipnosophists, sneaks of a glutton who went to table with his gloves on, that he might eat his meat hotter than the rest, and so get a greater share; and Musonius, a philosopher, who lived at the close of the first Christian century, among other invectives against the corruption of the age—that poor age which is always so much more corrupt than its predecessors!—says: “It is shameful that persons in perfect health should clothe their hands and feet with soft hairy coverings.” All of which collection of erudite lore may be found iu Disraeli’s Curiosities of Literature—itself the greatest curiosity. . . .

The Jews knew the value of these hand coverings. That expression in the Psalms, “Over Edom will I cast out my shoe,” is said, in the version known to scholars as the Chaldee Paraphrase, to mean: “Over Edom will I cast out my glove”—I will take possession, I will assert my right, and challenge its denial: throwing the glove being an Eastern manner of taking possession. Also in Ruth, when it says, “Now this was the manner in former time in Israel concerning redeeming and concerning changing, for to confirm in all things; a man plucked off his shoe, and gave it to his neighbour: and this was a testimony in Israel”—it was his glove that he plucked off: his glove which Boaz withdrew when he bought the land of Naomi’s kinsman, and which he gave up as the symbol of taking possession. So, Saul, after his victory over the Amalekites, set up a hand as the token of his victory; and many Phœnician monuments have an arm and a hand held up as a sign of supremacy and power. The custom of blessing gloves at the coronation of the kings of France is a remnant of this old Eastern habit — a glove, indeed, meaning to them investiture. . . .

But gloves are also used as symbols of quarrel as well as of possession, and to throw down the gauntlet has always meant to challenge, to assume the right to defend, both in chivalrous times, and before and after. . . .

The perfection of a modern glove is its smoothness and elasticity, its unexceptionable fit, the delicacy and uniformity of its lint, and a sewing that shall be at once fine and strong: while anything like embroidery or adventitious ornament, or mixture of colours, or incongruous materials, does not count as the best taste in these modern days of luxury and utility combined. But in olden times gloves were often exceedingly costly. That story of Cœur de Lion being discovered on his fateful journey by the jewelled gloves which hung at his page’s girdle, shows how magnificently they were sometimes adorned; while even Holy Mother Church did not disdain the use of these mundane vanities for her reverend hands, the gloves of all the prelates of England being bedecked with precious stones as parts of ordinary prelatical pomp and useful glory. . . .

But the history of gloves and glove-making,» is, like all things whatever in human life and society— a very interesting matter when looked into and thoroughly traced from source to outfall; a thoroughness to which this mere surface sketch has no pretension.

“Gloves”, in All the year round, A Weekly Journal conducted by Charles Dickens, n° 218 (Saturday, June 27, 1863). London.

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