Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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30 juillet 2009

Facebook, Google et la publicité de mauvais goût

Classé dans : Actualité, Publicité, Sciences, techniques, Société, Économie — Miklos @ 13:48

Déjà que la publicité omniprésente sur le web a un côté mortifère – n’encourage-t-elle pas une consommation à outrance, et par conséquent une gabegie de ressources que l’on sait (ce n’est pas trop tôt, mais est-ce trop tard ?) limitées ? – voilà qu’elle donne dans l’explicitement macabre.

Google et Facebook se targuent d’in­sé­rer dans les pages Web une publi­cité contex­tuelle per­ti­nente, choisie par leurs logiciels respectifs (est-ce le même ?) en fonction du contenu de la page affichée à l’écran et des infor­mations qu’ils détiennent sur l’internaute : au minimum, le pays dans lequel il se trouve et éven­tuellement sa langue, mais aussi, s’il possède un compte chez ces fournisseurs, d’autres détails qu’il aura pu fournir volontairement ou non (par exemple : l’historique de ses navi­gations sur l’internet…).

Et voici que, depuis quelques jours, une publicité de fort mauvais goût a fait son apparition sur l’internet. Elle se retrouve avec une fréquence croissante et notoirement plus élevée que les autres (Facebook l’assène parfois trois fois dans la même page, comme le montre la copie d’écran ci-contre) dans des pages qui n’ont aucun, mais réellement aucun, rapport avec son propos : « Quand vas-tu mourir ? Fait (sic) le test de la mort et découvre quand tu vas mourir. » (avec quelques variantes). Il suffit d’un clic pour être transporté vers un site qui propose : « Répondez à 10 questions et découvrez combien de temps il vous reste à vivre ! » En très petites lettres, sont indiqués les coûts des services SMS néces­saires à l’utilisation du « ser­vice » (avec la mention « Mineurs deman­dez l’accord de vos parents »1) : ce site est en fait le produit d’une compagnie portugaise de télécoms – TIM WE – Serviços de Telecomunicações Móveis e Afins, S.A. – qui ne lésine pas sur les moyens d’encourager l’utilisation de services payants à l’intention des plus jeunes (à l’instar de Natta, un autre de ses services de téléchargements pour mobiles) dont on se doute bien qu’ils n’obéiront pas à l’injonction de demander l’accord de papa-maman. Ce « test de la mort » est diffusé aussi en d’autres langues sur l’internet.

Quant à Google, ils ont inséré cette publicité dans le synopsis du film Signore & signori tirée de l’excellente Internet Movie Database, faisant suite à une autre publicité, celle de l’Église de Scientologie… Aucun rapport avec le film, évidemment :

Google l’a aussi inséré dans une page d’un blog consacrée à la biblio­thé­co­nomie :

Si, en si peu de temps, on en a trouvé un nombre non négligeable, il est plausible d’en conclure que sa diffusion sur l’internet est vraiment virale. On rappellera pour conclure l’affirmation des fondateurs de Google (que nous citons régulièrement) :

Currently, the predominant business model for commercial search engines is advertising. The goals of the advertising business model do not always correspond to providing quality search to users. (…) For this type of reason and historical experience with other media, we expect that advertising funded search engines will be inherently biased towards the advertisers and away from the needs of the consumers. (…) we believe the issue of advertising causes enough mixed incentives that it is crucial to have a competitive search engine that is transparent and in the academic realm.”

Sergey Brin and Lawrence Page, “The Anatomy of a Large-Scale Hypertextual Web Search Engine”, 1998.


1 Comme on l’a constaté en écrivant ce billet, on n’est pas les seuls à se ques­tionner sur la pertinence de la présence d’une telle publicité non seulement dans le contexte de la page où elle apparaît, mais dans celui des réseaux sociaux dans lesquelles se trouvent ces pages, qui drainent ados comme adultes.

Tous pourris

Classé dans : Cinéma, vidéo — Miklos @ 0:48

Tous amis : un médecin, un avocat, un architecte, un employé de banque, un tailleur pour dames, un chausseur de luxe… Ces d’apparence respectables signori vénitiens et leurs respectives signore, sont l’objet d’une comédie de mœurs bien enlevée de Pietro Germi (en français : Ces Messieurs Dames) tournée en 1966.

La farandole qu’ils offrent à nos yeux n’est pas sans rappeler de subtiles pièces de théâtre baroques : les couples se croisent et se décroisent, s’affrontent parfois à mains nues, se font et se défont, se lancent des coups d’œil suggestifs et des moqueries légères et piquantes, s’envoient des lettres anonymes fielleuses et bien tournées, colportent des ragots avec indignation et délectation, abondent en tromperies, adultère et retournement de détournement de mineur…

Si c’est une comédie, elle est douce-amère et parfois grinçante, mais surtout une satire mordante de la société, du haut en bas : l’Église, la justice, la police et la presse – ses quatre piliers – se prêtent à ces dérangements avec complaisance : il suffit d’un coup de fil ou d’une liasse de billets pour que la loi des hommes et de Dieu plie devant ce grand désordre amoureux où les sentiments réels importent peu. Le pouvoir réel n’est pas tant celui du juge, du monsignior ou du carabinier : c’est celui du système qui cherche à préserver les apparences vertueuses – et à continuer à jouer sur scène un faux-semblant d’ordre social quoi qu’il se passe dans ses coulisses. L’individu, à l’exception de la pute au grand cœur et de son amoureux naïf harcelé par sa femme, est veule et concupiscent si c’est un homme, et une belle chose bébête ou un manipulateur chevronné si c’est une femme.

Ce film, palme d’or à Cannes à sa sortie, vient de réapparaître sur quelques écrans. Allez le voir : bien joué et bien filmé par des acteurs et par un réalisateur quasi inconnus, cette nef des fous pince-sans-rire et ironique vous fera rire et réfléchir.


Sébastien Brant : Das Narren Schiff (La Grant nef des folz), 1494.
Illustrations de Dürer et d’autres artistes.

28 juillet 2009

Rouen

Classé dans : Lieux, Photographie, Rouen — Miklos @ 7:59


Rouen. Vue sur la cathédrale.
Plus de photos ici.

«ROUEN ! à ce nom, qui ne pense aussitôt à toutes les gloires de la patrie, quels grands et glorieux souvenirs que ceux évoqués par la vieille cité normande ! Ville de guerre avec ses noirs remparts et ses hommes d’armes ; ville religieuse avec ses basiliques et ses monastères ; ville de commerce avec ses fabriques et ses marchands; ville des sciences et des arts avec ses savants et ses artistes ; Rouen a eu successivement» tous les genres de gloire. Noble cité à laquelle aucune illustration n’a manqué, et qui nous montre dans la succession des âges : Rollon, Saint-Romain, Alain Blanchard, Corneille, Jouvenet et Boïeldieu.

H. Bouteiller, Histoire de Rouen, des milices et gardes bourgeoises : relation des événements militaires, sièges et batailles livrés à Rouen depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. 1858.


Rue de Rouen.
Plus de photos ici.

«

C’est Rouen qui là-bas s’incline,
Et, par de tortueux sentiers,
Des bords du fleuve à la colline
Étend ses gothiques quartiers ;
Le soleil sur ses toits ruisselle,
La rosée humide étincelle
Aux angles des pignons fameux ;
Surgissant, magiques et sombres,
Ses monuments jettent leurs ombres
Sur des maisons vieilles comme eux.
— Ch. R. —

Après avoir parcouru environ 170 lieues, s’être enrichie des eaux de l’Aube, de l’Yonne, du Loing, de l’Yères, de la Marne, de l’Oise, de l’Epte, de l’Andelle, de l’Eure et d’une infinité de petites rivières ; après avoir baigné les villes de Troyes, Montereau, Melun, Corbeil, Paris, Saint-Denis, Saint- Germain, Poissy, Meulan, Mantes, Vernon, Andelys, Pont-de-1’Arche et Elbeuf, la Seine arrive à Rouen, entre le cours de la Reine et la barrière de Saint-Paul, et traverse cette grande cité dans la direction de l’est à l’ouest. Laissons un instant le fleuve suivre la pente qui l’entraîne, et gravissons la côte Sainte-Catherine pour jouir du panorama de la ville, l’un des plus beaux et des plus riches qu’on puisse imaginer» et dont la magnifique toile des peintres du Diorama n’a pu donner qu’une idée imparfaite aux Parisiens curieux de connaître la vieille capitale des ducs de Normandie.

Voyage historique et pittoresque de Rouen au Havre sur la Seine, par un Rouennais, 1844.

23 juillet 2009

Un saint fort apprécié en Normandie

Classé dans : Lieux, Normandie, Photographie — Miklos @ 7:41

14 juillet 2009

Life in Hell: la galanterie française n’est plus ce qu’elle était

Classé dans : Histoire, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 12:05

Surcouf alors

«Nous suivons aussitôt notre capi­taine, et nous arrivons en quelques minutes devant les cabines occu­pées par les Anglaises : ces dames, effrayées du tumulte qui s’est rapproché d’elles, demandent grâce et merci.

Surcouf les rassure, leur présente ses respectueux hommages avec tout le savoir-vivre d’un marquis de l’ancien régime, s’excuse auprès d’elles du débraillé de sa toilette, s’inquiète de leurs besoins, et ne les quitte qu’en les voyant redevenues calmes et tranquilles. Toutefois, quoique pas un homme de notre équipage n’ait certes songé à abuser de la position de ces passagères, Surcouf place, pour surcroît de précaution, des sentinelles aux portes des cabinets qu’elles occupent, en leur donnant pour consigne de tirer sur le premier qui voudrait pénétrer chez les Anglaises. (…)

Ces arrangements conclus et terminés, Surcouf, mû par un sentiment» de grandeur et de désintéressement partagé par son équipage, laissa emporter aux Anglais, sans vouloir les visiter, toutes les caisses qu’ils déclarèrent être leur propriété et ne point appartenir à la cargaison.

Lous Garneray, Voyages, aventures et combats. Souvenirs de ma vie maritime. Bruxelles, 1851.

Surcouf aujourd’hui

Les magasins Surcouf sont « exceptionnellement ouverts » le mardi 14 juillet, exception plus économique que culturelle. Akbar et Jeff se rendent avenue Daumesnil pour y acheter un disque dur. Le magasin est sans dessus dessous : beaucoup de vide entouré de clôtures, là où il y avait une profusion de rayonnages surchargés de biens de consommation ; le rayon soldes fait partie de cette désertification, il n’a que quelques bacs en périphérie garnies de clés USB et autres gadgets qu’on trouve aussi bien ailleurs. Il est vrai que Surcouf accuse des pertes depuis quatre ans (dont 10 millions d’euros en perte d’exploitation en 2008), et vient d’être racheté par Hugues Mulliez.

Les compères se dirigent vers le rayon disques durs, situé à l’étage. Ils y montent. Ils aperçoivent de loin des étagères qui semblent garnies, mais l’accès est barré, deux employés s’y affairant. Quand Akbar leur demande comment y accéder pour choisir un disque, l’un d’eux lui demande quel modèle l’intéresse. Akbar répond qu’il n’en sait rien, il voudrait justement regarder l’offre et choisir. L’employé lui répond que c’est impossible. Akbar rétorque qu’ils sont venus spécialement aujourd’hui, mais si c’est pour trouver un magasin vide et inaccessible, à quoi bon annoncer cette ouverture « exceptionnelle » ?

En désespoir de cause, Jeff achète une clé USB. La caissière, toute mignonne, bavarde avec son collègue, tout mignon. Pas un mot – bonjour, s’il vous plaît, merci ou au revoir – pour nos compères ; elle se saisit de la clé, encaisse, tend les tickets de caisse comme un robot, bien pire qu’au BHV (qui, depuis un certain temps, a civilisé ses employés, lui).

Jeff propose de se rendre au magasin situé boulevard Haussmann. Même chamboulement, mais le personnel est poli et efficace, et le disque dur – un bon Seagate – a séduit Jeff. Du coup, Akbar y achète quelques bricoles.

Si Hugues Mulliez « veut lancer un nouveau concept à bas prix », ce serait peut-être celui de la politesse à tous les étages : ça ne coûte pas cher, et ça rapporte beaucoup.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

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