Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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5 octobre 2009

Alla breve. XXI.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 21:49

[148] Le retour du Fantôme de l’Opéra. Qui a lu les merveilleux romans de Gaston Leroux n’a pas oublié l’impressionnante scène du cimetière de Perros-Guirec, éclairé à minuit par la lune d’une « lumière qui ne pèse rien » : au douzième coup de l’heure, l’invisible commence à jouer de la musique. « Et quelle musique ! (…) je ne sus trop que penser de ces sons inoubliables qui, s’ils ne descendaient pas du ciel, laissaient ignorer leur origine sur terre. Il n’y avait point là d’instrument ni de main pour conduire l’archet. Oh ! je me rappelai l’admirable mélodie. C’était la Résurrection de Lazare, que le père Daaé nous jouait dans ses heures de tristesse et de foi (…). L’idée me vint aussi que Daaé avait été enterré avec son violon et, en vérité, je ne sais point jusqu’où, dans cette minute funèbre et rayonnante, au fond de ce petit dérobé cimetière de province, à côté de ces têtes de morts qui nous riaient de toutes leurs mâchoires immobiles, non je ne sais point jusqu’où s’en fut mon imagination, ni où elle s’arrêta. » Le 23 octobre à 20h30, le film éponyme de Rupert Julian (1925) sera projeté sur grand écran au Temple Neuf à Strasbourg avec une improvisation live du compositeur et organiste Thierry Escaich. On espère qu’il égalera au moins la prestation d’Érik pour la plus grande émotion des spectateurs. (Source)

[149] Le musicien sans étiquette. On ne peut pas ne pas aimer l’œuvre de Francis Poulenc, que ce soit pour son Dialogue des Carmélites, La voix humaine (avec la voix si divine de Denise Duval, et dont il existe un film), les mélodies, le Concert champêtre pour clavecin et orchestre… Poulenc avait des goûts assez particuliers. En musique, par exemple, il avouait un penchant pour Boulez, « être si doué et intelligent ». Ses admirateurs seront ravis d’apprendre la sortie du deuxième Cahiers de Francis Poulenc. (Source)

[150] À la découverte de Mendelssohn. Decca vient de publier un CD comprenant quelques œuvres de Mendelssohn, pour certaines connues mais dans leur version originale (la Troisième symphonie « Écossaise », l’ouverture Les Hébrides) ainsi que le Troisième concerto pour piano et orchestre en mi mineur, œuvre inachevée complétée par Marcello Bufalini. Riccardo Chailly dirige le Gewandhaus de Leipzig, et Roberto Prosseda est au piano. En 2006, il avait interprété sur un autre CD au pianoforte des œuvres rares de Mendelssohn pour piano seul. Écoutez-en un extrait. (Source)

[151] Musique française à Venise. Un centre de musique romantique française est inauguré ces jours-ci au Palazzetto Bru Zane, casino construit entre 1695 et 1697 pour la famille Zane et restauré par une fondation financée par Nicole Bru. Son directeur, Olivier Lexa, déclare : « On commence là où le Centre de musique baroque de Versailles s’arrête, et on s’arrête là où l’Ircam commence ». Il comprend une salle de concert de 90 places et d’une petite bibliothèque, et s’évertuera « à valoriser des œuvres méconnues de compositeurs célèbres (Bizet, Gounod, Massenet…) et à réhabiliter des figures rarement jouées (Méhul, Onslow, Alkan, etc.) ». (Source)

[152] Embargo américain sur la musique. Le New York Philharmonic Orchestra a dû annuler ses concerts prévus à Cuba, invoquant les restrictions américaines sur les voyages vers l’île qui affecteraient les mécènes sans lesquels cette tournée ne pourrait être réalisée. (Source)

[153] Michael Galasso (1949-2009). Ce compositeur, violiste et chef d’orchestre est l’auteur des musiques de nombreuses œuvres de Bob WilsonOuverture, The Life and Times of Joseph Stalin, Les Fables de La Fontaine… – mais aussi d’installations (dont la toute première installation sonore dans le musée Guggenheim de New York ou l’EXPO 2002 en Suisse). En 2009, il a été le lauréat du César pour la meilleure musique de film (Séraphine, de Martin Provost). (Source)

[154] Bientôt le 60e anniversaire de la mort de Chopin ? À l’occasion du 200e anniversaire de la naissance du compositeur, Daniel Barenboïm part en tournée avec les deux concertos pour piano. Le Monde, qui rapporte la nouvelle, indique que le compositeur est décédé en 1949 ; un bref calcul indique qu’il avait 140 ans à l’heure de son décès ; dommage qu’il ait laissé, durant une vie si longue, si peu d’œuvres : elles sont tellement belles ! (Source)

4 octobre 2009

Alla breve. XX.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 12:03

[141] Le New York Philarmonic secoue un peu sa poussière. Alan Gilbert, son nouveau directeur musical, est loin d’être aussi charismatique que son jeune collègue Gustavo Dudamel de l’orchestre phiharmonique de Los Angeles, mais il s’est risqué à décoiffer (légèrement) un public quelque peu conservateur en incluant dans son premier concert les Poèmes pour Mi d’Olivier Messiaen (avec Renée Flemming) et EXPO du finlandais Magnus Lindberg. En guise de dessert d’un programme qui aurait pu paraître indigeste à certains, la Symphonie fantastique de Berlioz, mais le critique n’a pas trouvé le concert si fantastique que ça. (Source)

[142] De la musique japonaise qui décoiffe. Le compositeur Hifumi Shimoyama, contemporain de Toru Takemitsu (tous deux nés en 1930), s’inspire comme lui des traditions musicales japonaises, mais très différemment : lors d’un récent concert de ses œuvres, la guitare acoustique servait d’instrument de percussion, le pianiste plongeait dans le piano pour en pincer les cordes à l’instar d’une harpe, et un archet de violon servait de mailloche du xylophone. Mais Ichigo no tsukikage pour violoncelle, koto et bande magnétique démontre, s’il en est besoin, qu’il est capable de subtilité et de délicatesse. Écoutez Zona pour seize instruments à cordes, enregistrement live de l’orchestre de chambre Amadeus dirigé par Freddy Cadena. (Source)

[143] La musique qui tue. Tout amateur des romans de Gaston Leroux connaît leur musique si particulière qui « déchire le cœur et les oreilles ». Celle de maintenant, si elle s’adresse moins au cœur, peut en exploser les oreilles. Il existe des protections alternatives à la fuite : des bouchons de tous genres qu’on se vrille dans les oreilles et qui étouffent plus ou moins bien les sons, certains mieux que d’autres. Mais lorsqu’il s’agit d’une musique qu’on aimerait entendre, mais moins fort ? Le magazine Guitar Part s’est penché sur des produits dits passifs (sans électronique) destinés aux oreilles musicales et les testés sur les plans du rendu sonore, du confort et de l’esthétique. En sus, l’article fournit un tableau qui rappelle les précautions à prendre (réduction du temps d’exposition) lors de l’exposition à des niveaux croissants de bruit) et un schéma de l’anatomie de l’oreille.

[144] Décès d’un compositeur, Leon Kirchner (1919-2009). Né à Brooklyn d’un dentellier originaire d’Odessa, ce compositeur, pianiste, chef d’orchestre et pédagogue avait étudié avec Schoenberg à Los Angeles, sans pour autant adopter aveuglément le système dodécaphonique. Influencée d’abord par Bartók et Stravinsky puis par la seconde école de Vienne (Schoenberg, Berg, Webern), son œuvre intègre aussi des éléments jazzy et lyriques et plus tardivement de l’électronique. Son Quartet No. 3 lui vaut le prix Pulitzer pour la musique en 1967 (en 2009, c’est Double Sextet de Steve Reich qui a décroché cette distinction). En 1993, il est finaliste (mais non lauréat – ce sera Trombone Concerto de Christopher Rouse) du même prix pour son Music for Cello and Orchestra. (Source)

[145] Naissance d’une compositrice, Emily Howell (2003-). Conçue par David Cope, professeur d’informatique et de musique, c’est un programme informatique destiné à composer de la musique (dont l’anatomie est décrite dans cet ouvrage). Il succède à EMI (diminutif de Experiments in Musical Intelligence), autre programme qui, lui, analysait des œuvres d’un compositeur (Bach, Beethoven ou Mahler) pour produire une nouvelle pièce (on hésite à la qualifier d’œuvre) du même style, « juste comme si c’était ce compositeur qui l’avait écrite ». L’électronique a déjà permis de virtualiser des instruments, de remplacer des musiciens (voir ici, page 4) et le chef d’orchestre, à quand la disparition du public ? (Source)

[146] Résurrection d’un compositeur. À l’occasion du centième anniversaire du décès de Charles Bordes, fondateur de la Schola Cantorum et élève de César Frank, des mélodies de Bordes seront interprétées le 8 novembre par François-René Duchâble. Charles Koechlin écrivait en 1925 à son propos : « Mort jeune, il n’a pas été estimé a sa valeur. (…) L’un des premiers, il découvrit Paul Verlaine (cf. Soleil du matin, Dansons la gigue, etc.). Il y a dans son inspiration une naïveté charmante, que certains tiennent pour gaucherie de primitif, mais que l’absence de formules et la parfaite sincérité font attachante et vivante (…). » En 1943, Paul Landormy rajoute : « Son nom restera, avec quelques lignes d’une musique extrêmement personnelle, rêveuse, tendre, et parfois troublante. » On espère que le public y sera sensible. (Source)

[147] Redécouverte d’un autre compositeur. Élève de Béla Bartók et de Zoltán Kodály, puis maître de György Ligeti et de György Kurtág, Sándor Veress, né en Hongrie et décédé en Suisse (1907-1992), est resté relativement dans l’obscurité au niveau international et est encore plus méconnu en France que ses compatriotes. Ses œuvres ont commencé à bénéficier d’enregistrements – à l’instar de son Concerto pour clarinette, sa Sonate pour violoncelle solo ou son scintillant Hommage à Paul Klee – dans les années 1990, et plus récemment, une anthologie de sa musique de chambre sur le label Hungaroton (source). Deux récents concerts à Toulon ont enfin permis à des auditeurs français d’entendre ses deux quatuors. (Source)

1 octobre 2009

Life in Hell: ça roule, Jeff ?

Classé dans : Actualité — Miklos @ 7:22

La nuit tombe. Jeff aussi, de fatigue. Il veut rentrer à la maison. Sportif, il prend ses jambes à son cou et court vers la station Velib la plus proche et caresse légèrement de son passe Navigo le point d’attache du véhicule désiré. Mais la borne, bornée, ne se laisse pas charmer ainsi : elle lui lance un regard rouge sanglant : « pas d’abonnement attaché à cette carte Navigo ! ». Menteuse, se dit Jeff.

Le sang de Jeff, à l’instar de celui d’Alphonse Allais, ne fait pas cent tours ; son sang ne fait pas cinquante tours, son sang ne fait pas vingt tours (j’abrège pour ne pas fatiguer le lecteur) : son sang ne fait qu’un tour. Il appelle le service, et s’entend répondre que son abonnement a expiré et qu’ils ne préviennent plus les ex-abonnés par mail. Ils expérimentent sans doute avec la télépathie, se dit Jeff.

Dépité, il traîne des pieds jusqu’à son domicile. Il se lance vers son ordinateur et se rend sur le site de Velib pour y reprendre un nouvel abonnement. Manque de chance : le site est indisponible. Il insiste, rien n’y fait. Il va dîner, et revient, regaillardi, à la charge. Finalement, il parvient à effectuer l’inscription. Le site lui précise que celle-ci ne prend effet que quarante-huit heures ouvrées plus tard. Ils ne sont pas encore informatisés et doivent sans doute tout vérifier à la main, se dit Jeff.

Énervé, il tente de déposer un message sur le site pour exprimer en termes choisis et détaillés son opinion. « Cliquez ici », indique la page. Mais rien ne s’ouvre. Jeff reclique. Toujours rien. Il rappelle le service. L’opératrice lui répond avec navrement qu’elle « n’est pas du niveau » pour traiter sa demande, et qu’il devrait prendre sa plus belle plume et du papier vélin, rédiger en lettres moulées sa supplique et l’envoyer par la Poste. Mais celle-ci est en grève. Quel cauchemar éveillé, je ferai bien d’aller dormir, se dit Jeff.

Le lendemain, il décide de choisir un autre mode de transport.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

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