Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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31 mai 2013

« Atmosphère, atmosphère », ou, Google, les chiffres et les lettres

Classé dans : Actualité, Langue, Photographie, Progrès, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 7:44


Street art rue du grenier sur l’eau.
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Notre AMI à tous avait organisé hier à la Maison de la Mutualité un raout intitulé Atmosphère destiné à « parler d’innovation, de changement de culture, de Big Data, d’interactions en temps réel et d’agilité. » Leur cible ? Les entreprises, qu’il sollicitait pour venir « écouter les dirigeants de Google expliquer notre vision consistant à permettre aux collaborateurs de travailler comme ils vivent. » Comment vivent-ils donc, ou comment Google aimerait qu’ils vivent ? communiquant, connectés, tracés en permanence, par l’entremise de tous les services qu’offre Google, depuis les lunettes jusqu’au cloud dont une représentation stylisée servait de logo à l’événement.

Quant aux dirigeants de Google, voici un florilège de ce qu’on a pu les entendre dire, dans leurs présentations style ex tempore à la Steve Jobs, debout sur scène face au public, sans prompteur visible.

Tout d’abord, Eric Haddad, président de Google Entreprises pour le sud de l’Europe, a présenté les quatre ateliers qui faisaient suite aux keynotes (sic) d’ouverture. Problème : il ne se souvenait que de trois d’entre eux.

Ensuite, Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations pour l’Europe du sud, de l’est, le Moyen Orient et l’Afrique, en parlant de l’histoire du Web, a dit qu’il est né en 1989 (vrai) et qu’il avait donc 35 ans (faux, nous ne sommes pas encore en 2024, malgré les progrès de l’innovation, thème de la journée), chiffre qu’il a martelé à plusieurs reprises. Google, qui s’est lancé dans la production de gadgets basés sur Chrome et Android, devrait inventer un truc, pardon, un device (objet électronique destiné à pallier les vices humains, d’où son nom), qu’ils pourraient appeler calculette, pardon, calculator™, équipé en sus de reconnaissance et de synthèse vocales, ainsi que de WiFi voire de LiFi.

Ce n’était pas le seul étirement temporel qu’il a effectué : « Je voudrai juste une seconde vous faire un historique de Google en une minute. »

Voilà pour les chiffres. Quant aux lettres, on aura pu remarquer que Google s’est plié à l’une des disposition de la loi Fioraso votée la veille :

« Ce monde physique est désormais intégré dans le knowledge graph digital. »

« On est drivé vers la place de parking. »

« Vous pouvez prendre une photo du sunset à la plage. »

« La manière dont nous intéragissons et engageons avec les autres continue à changer. »

« On peut léverager ces technologies. »

Enfin, l’orthographe des diapositives – pardon, des slides – projetés sur les immenses écrans était parfois approximative : « Quel est le nombre d’occurences du mot innovation dans le corpus de Wikipedia ? », question concours posée au cours de la journée (sans préciser qu’il ne s’agissait que de la Wikipedia en anglais, à se demander si toute la présentation n’avait pas été fabriquée outre Atlantique pour être présentée identiquement partout dans le monde), question à laquelle on aurait pu substituer celle-ci, qui a la vertu d’avoir le même nombre de réponses en français et en anglais : « Quel est le nombre d’occurrences de la lettre r dans le mot occurrence ? »

29 mai 2013

Journalisme trash ou relativisme culturel ?

Classé dans : Actualité, Médias, Politique, Société — Miklos @ 13:18

Le JT de France 3 interrogeait une journaliste espagnole déjà présente à la mairie de Montpellier en prévision du mariage de Vincent Autin et de Bruno Boileau : « On est venu pour le cas où il se passerait quelque chose », a-t-elle dit.

On a envie de lui dire qu’il se passera forcément « quelque chose » : ce mariage, c’est le premier de deux hommes en vertu de la nouvelle loi dite du mariage pour tous, n’est-ce donc pas un événement sociétal et donc historique en soi, à l’instar de l’obtention du droit de vote aux femmes, de l’abolition de la peine de mort et d’autres évolutions qui se sont faites souvent malgré les réticences d’une société fonda­men­ta­lement conservatrice ?

Mais il est clair que la dite journaliste est venue là pour d’autres raisons, au cas où il y aurait du grabuge : une manif’, voire des échauffourées, cela met en appétit les médias bien plus que le mariage lui-même, bien que ce soit le premier du (même) genre en France. D’ailleurs, en Espagne, il est monnaie courante depuis 2005.

Comme quoi, la notion même d’événement est toute relative…

19 mai 2013

Life in Hell : Jeff et Akbar sont aux anges

Classé dans : Cuisine — Miklos @ 11:13


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Jeff et Akbar décident de fêter ça (avec un jour de retard) autour de quelques tartes flambées alsaciennes à volonté arrosées d’une bouteille de cidre.

Ils se retrouvent à l’heure dite (enfin en moyenne : Akbar est en avance, et Jeff ne l’est pas).

Les serveuses et Schwarzenegger les accueillent avec des sourires radieux. Le patron aussi. Il leur sert la pince tout en se demandant in peto ce qui va encore lui tomber sur la tête.

À peine les deux compères assis, les cartes apparaissent devant eux suivies presque aussitôt la commande passée par les mets et la boisson.

Jeff est ravi (mais le cache bien) : tout roule parfaitement, le service, la température des plats, leur goût. Akbar, à l’affût, commence visiblement à râler : rien à critiquer. Quant au patron, il jette de temps à autre un regard discrètement inquiet vers leur table.

Leur faim apaisée et toutes bonnes choses ayant une fin, Akbar demande l’addition et tend à l’une des serveuses un billet accompagné de leurs deux cartes de fidélité.

Le temps passe.

Akbar se frotte les mains sous la table.

Le temps continue à passer.

Finalement, la serveuse revient, dépose sur leur table la monnaie et disparaît tout aussitôt à l’allure d’une étoile filante.

Et nos cartes de fidélité ?, demande Jeff.

Akbar est enfin ravi.

Il prend un petit air entendu, interpelle une autre serveuse qui s’empresse de les leur rapporter tamponnées.

Les deux amis s’en vont. Ils sont aux anges, mais pas exactement pour les mêmes raisons.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

8 mai 2013

Life in Hell : l’argent ne fait pas le bonheur (en fait, ça dépend chez qui il est déposé)

Classé dans : Actualité, Société, Économie — Miklos @ 1:55


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« La banque est un piège à comptes. » — Jacques Pater, Le Petit Pater illustré.

« Les journaux regorgent d’histoires de braves gens pris en otages à la banque par des gangsters, mais ils restent muets sur les cas, pourtant plus fréquents, de clients pris en otages pas leur banquier. » — Roland Topor, Jachère-party.

Enak vient d’arriver en France. Afin d’éviter de payer des frais démesurés à chaque fois qu’il tire des espèces ou effectue un achat avec sa carte de crédit étrangère, il décide d’ouvrir un compte dans son nouveau pays d’adoption (on ne mentionnera pas les parents adoptifs pour ne pas fâcher les opposants au mariage pour tous).

Akbar lui recommande sa banque. Il appelle sur le champ son agence pour leur demander où et comment faire. Aucun de ses correspondants habituels ne décroche. Il est vrai qu’ils sont graduellement remplacés par des automates, se dit Akbar in peto, mais comme aucun robot – vous savez, de ceux qui vous disent « tapez 1 si vous voulez ceci, 2 si vous voulez cela, étoile si vous n’avez rien compris et dièse pour recommencer » et qui vous fait ensuite écouter une musique lénifiante à 0,34 € la minute pendant un petit quart d’heure pour finalement raccrocher – ne se déclanche, il persévère. Finalement, son appel bascule vers une dame qui l’informe qu’Enak peut ouvrir son compte dans n’importe quelle agence tout en bénéficiant de conditions avantageuses du fait du parrainage d’Akbar.

Les deux compères se précipitent joyeusement vers l’agence la plus proche du domicile d’Enak et de son lieu de travail. Akbar la connaît, cette agence : elle est tout aussi proche de chez lui. Quand il lui arrive d’y aller, il préfère s’adresser au distributeur de billets qu’au guichet dont la préposée est bien plus froide que la machine. Mais aujourd’hui ils ne peuvent l’éviter, Akbar constatant qu’il est impossible d’ouvrir un compte par l’entremise dudit gentil distributeur. Il y entre en soupirant in peto.

L’accueil de prime abord n’est pas particulièrement aimable, les deux compères ont la nette impression de déranger l’employée en question. Akbar lui présente leur demande. Il s’entend rétorquer d’un air revendicatif qu’Enak ne peut y ouvrir un compte en bénéficiant de son parrainage. Im-pos-sible, martelle-t-elle, cela doit se faire dans votre agence, rajoute-t-elle italiquement, en précisant que ce que l’agence d’Akbar lui avait dit était « du n’importe quoi ». Elle leur propose de leur fixer un rendez-vous avec quelqu’un dans cette agence-là « dans plusieurs jours ». Ni une ni deux, ils préfèrent prendre plutôt la porte immédiatement que ce rendez-vous dans un futur incertain.

Akbar rappelle son agence. Cette fois-ci, aucune réponse : au bout d’un certain nombre de sonneries, la communication coupe sans basculer vers un humain ou un robot. La Terre se dépeuple vraiment, constate Akbar tristement.

Enak propose alors de se rendre dans une autre banque située à proximité et dont il avait relevé l’adresse. Accueillis par des sourires, ils se voient fixer un rendez-vous d’ouverture de compte dans la même journée. Ils y reviennent, et tout s’y règle en un clin d’œil.

Akbar en est maintenant à se demander s’il ne va pas changer de banque : la sienne non seulement lui prend son argent, mais le fait sans sourire ni remerciement, se dit-il prosaïquement.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

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