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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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13 novembre 2020

Apéro virtuel II.12 – vendredi 13 novembre 2020

Classé dans : Littérature — Miklos @ 23:59

Françoise (C.) arrivée quelques instants avant Jean-Philippe puis Sylvie, elle exprime à Michel sa sidération sur le fait qu’on puisse cliquer sur un mot d’une phrase (par exemple : « cliquez ici ») pour que s’ouvre une autre page ou fenêtre à l’écran avec du texte, des images ou de la musique. Michel explique que cette technique, appelée hypertexte, est vraiment simple à comprendre : il tâchera de l’expliquer ici prochainement.

Jean-Philippe étant arrivé, une discussion s’engage sur les prénoms – il y a parfois jusqu’à trois Françoises présentes aux apéros, ce qui réduit de beaucoup le taux d’erreurs dans la remémoration du prénom à insérer dans le « Bonjour X ». Il rajoute que non seulement il y avait (et il y a toujours) des modes, mais autrefois il y avait une régle­men­tation beaucoup plus stricte qui n’autorisait que certains prénoms et pas d’autres, alors qu’aujourd’hui quasiment tous sont permis, à cause d’un grand débat qui a eu lieu dans les années 1980 autour du prénom « Cerise », interdit jusque là. Michel raconte que ses parents ont eu du mal (mais réussi) à l’inscrire à sa naissance (qui prédatait de loin celle de la fameuse Cerise) sous le prénom « Michael » que Françoise (C.) associe avec le dragon…

Passant aux choses sérieuses, Michel demande aux participants d’identifier ce qui se trouve en fond de son écran (voir ci-dessus). Sylvie n’hésite pas à y lire « Le DVD » (même quand on lui dit de mieux regarder !), alors que Françoise (C.) parle plutôt d’un poème. C’est Jean-Philippe qui l’identifie comme une variante du Dormeur du val d’Arthur Rimbaud – poème qu’il avait lu à l’apéro d’avant-hier… – à quoi Michel précise qu’il ne s’agit pas d’une variante, mais du texte original, où certains groupes de mots ont été remplacés par leurs initiales : ainsi, « Le DDV » dénote « Le Dormeur du val », « HDA » pour « haillons dargent », etc. Cette Anthologie de la poésie française pour l’administration est l’œuvre de Clémentine Mélois, plasticienne membre de l’Oulipo (faut-il s’en étonner ?), qui fait de jolis détournements humoristiques de couvertures de livres, de poèmes, d’images, de tableaux, d’affiches… par de subtiles modi­fi­cations des illustrations et des jeux de mots savants sur les titres et les textes, qui, souvent, expriment aussi une critique politique ou sociale sous-jacente ; il faut évidemment connaître les originaux pour appré­cier ses transformations très oulipiennes. Michel montre alors quelques photos qu’il avait prises lors d’une exposition des œuvres de Mélois sur laquelle il était vraiment tombé par hasard, exposition intitulée « Lit tes ratures ! Ou Une exposition à rater » : dès les trois premiers mots, deux jeux : ils se prononcent « Littérature », et le mot ratures est utilisé dans la seconde moitié du titre, à lire ainsi « Une exposition à ne pas rater » (« ne pas », parce que « rater » est barré…).

Françoise (P.) débute un quiz poétique : elle lit les premiers vers d’un poème, les présents devront dire la suite et l’identifier. Ainsi, on entend successivement :

  1. Le temps a laissé son manteau / De vent de froidure et de pluie…
  2. Frères humains qui après nous vivez… (dont Michel transforme intentionnellement le troisième vers à la Mélois : « Car si pitié de nous pauvres Ave Maria…),
  3. Mignonne, allons voir si la rose…
  4. Quand vous serez bien vieille, le soir à la chandelle…
  5. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage…
  6. Coucher trois dans un drap, sans feu ni sans chandelle…
  7. Les Levantins en leur légende / Disent qu’un certain Rat, las des soins d’ici-bas…
  8. L’épi naissant mûrit de la faux respecté…
  9. J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée / Au jardin de mon père où revit toute fleur…
  10. J’ai voulu ce matin te rapporter des roses…
  11. Ainsi, toujours poussé vers de nouveaux rivages…
  12. Les nuages couraient sur la lune enflammée…
  13. Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres / Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux…
  14. Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé…
  15. Mon enfant, ma sœur, / Songe à la douceur / D’aller là-bas vivre ensemble !… suite à quoi Michel en fait écouter sa mise en musique par Henri Duparc, chanté par la soprano Kiri Te Kanawa accompagnée par l’Orchestre symphonique de l’Opéra national de Bruxelles, sous la direction de Sir John Pritchard (1984). Puis, Sylvie cite un poème du même, « Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre… »
  16. Les sanglots longs / Des violons / De l’automne / Blessent mon cœur / D’une langueur / Monotone…
  17. Mon âme est une infante en robe de parade / Dont l’exil se reflète, éternel et royal

Michel raconte, qu’ayant quitté la France à 14 ans pour revenir en Israël, il n’y avait pas étudié des poèmes en français, donc ceux qu’il connaît soit prédatent ce départ (et donc appris plutôt commen enfant) ou découverts par intérêt personnel plus tard. Il a surtout étudié des poèmes en hébreu, puis quelques-uns en anglais – Sylvie mentionne de son côté The Daffodils – puis, lors de son séjour de plusieurs années aux USA, il y découvre nombre de poètes américains – donc plus contemporains – de grande qualité, à l’instar de John Ashbery, e. e. cummings (en minuscules initiales), Emily Dickinson, Donald Justice, le quasi oulipien Ogden Nash, Edna St. Vincent Millay…

Sylvie lance « J’ai mis mon képi dans la cage / et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête… », dont Françoise (P.) identifie rapidement le poète, puis poursuit avec « Il dit non avec la tête… », du même. C’est le fameux cancre, dont Michel dit que ce n’était pas parce qu’il était bête, mais plutôt hors système, et c’est sans doute l’instituteur qui n’avait pas su lui en ouvrir les portes. Jean-Philippe ajoute qu’un tel poème est plus facile à apprendre pour un cancre, il s’y reconnaît, ce n’est pas si loin de sa propre expérience. Mais il est vrai que le titre « Le cancre » n’est pas une étiquette flatteuse… On se met alors à rechercher un titre alternatif : « Le nul » pour Françoise (P.), « Le mec vraiment libre » pour Michel, voire « Le mec qu’en a rien à foutre » pour Françoise (P.), « Le keum qu’est libre » pour Sylvie.

Jean-Philippe prend alors la parole pour continuer dans le sens de ce qui s’était dit aujourd’hui et hier ; il présente un ouvrage de Hubert Haddad, frère de Michel Haddad dont Sylvie avait parlé hier : Le Nouveau Magasin d’écriture, compilation de nombreux carnets (le livre fait presque 1000 pages…) dans lesquels cet auteur très productif avait noté des idées souvent abracadabrantes et inexploitables pour de futurs romans mais sur lesquelles on peut laisser son imagination gambader.

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