Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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2 août 2009

Life in Hell: Jeff and Akbar hate Cofinoga

Classé dans : Actualité, Société, Économie — Miklos @ 12:21

Akbar fait l’objet de harcèlement électronique de la part de Cofinoga. « Parce que vous êtes unique », affirme une volée de ces mails, tous identiques et envoyés en plusieurs exemplaires à Akbar et à des milliers d’autres internautes tout aussi uniques ; « les soldes, c’est parti avec votre carte Cofinoga », clame une autre vague. Où est le problème ? C’est qu’Akbar ne possède pas de carte Cofinoga. Non pas qu’il en veuille une et ne puisse l’obtenir, comme c’est le cas de Jeff ; il ne veut, lui, ni de la carte, ni de ces spams. Mais impossible de s’en débarrasser : soit il faut aller sur le site, s’inscrire et fournir encore plus de coordonnées qu’ils n’en ont déjà on ne sait trop comment, ce qu’Akbar se refuse à faire ; soit que ses courriers de protestation résultent en un message très poli, l’informant qu’ils ont pris connaissance de son courriel et l’assurent « d’une réponse dans les plus brefs délais ». Celle-ci, personnalisée, lui jure qu’ils ne peuvent rien faire sans son numéro de compte (il n’en a pas), son adresse (pourquoi ?) et… sa date de naissance (non mais !). Or il ne s’agit là que de supprimer, ce que la loi autorise Akbar à exiger, son adresse électronique de leurs bases de données. Akbar déteste Cofinoga.

Jeff, lui, meurt d’envie d’avoir cette carte : elle lui permettrait d’acheter le matelas de ses rêves (c’est-à-dire celui sur lequel il rêverait tellement mieux) au BHV, et de le payer en dix mensualités sans frais. Vu le coût de cette petite merveille d’un abord accueillant et doux mais d’un soutien infaillible, faire la queue au bureau d’inscription à la carte semble en valoir la peine. Il y a quatre « conseillers ». Dès que l’un se libère, il disparaît, pour ne revenir qu’après une absence d’une durée… variable, à telle enseigne qu’à certains moments, tous les postes sont vides tandis que la file d’attente s’allonge comme un nez en hiver. Quand finalement son tour arrive, il se dirige vers une conseillère ; « ah non, Monsieur, lui dit-elle, moi je n’ouvre que les cartes, pas le crédit gratuit 10 mois ! » et le voici renvoyé dans la queue, partageant le sort d’une jeune femme qui se voyait renvoyé pour la troisième fois d’un conseiller à l’autre et venait d’accomplir un cercle complet, revenue à son point de départ. Quand Akbar, qui ne sait tenir sa langue, demande à la conseillère pourquoi il y a si peu de postes occupés, elle lui répond qu’ils prennent des poses, ce qui amène Akbar à lui demander alors quelle est la durée de leur sieste (il est déjà 17 heures). Une autre compagne de malheur dit alors que, quand on voit ça, on est en droit de trouver injuste les critiques qu’on lance à l’encontre « les fonctionnaires » (elle en est).

Plus tard. Jeff est reçu par un conseiller qui lui explique les modalités du fonctionnement de cette carte. Jeff ne doit surtout pas lui poser des questions pendant son exposé : le conseiller perd alors le fil et doit recommencer. Cette curieuse carte est une carte d’achat au porteur : toute personne la présentant peut effectuer un achat, sans justificatif, qui sera facturé au détenteur de la carte ; elle n’est pas protégée, même par un code d’accès sur sa bande magnétique comme l’étaient les cartes de crédit avant l’avènement de la puce. Ce fonctionnement permet à Cofinoga de proposer une assurance facultative (que seul un inconscient refuserait), qui se manifeste par un pourcentage (minime mais réel et l’on sait que les petits ruisseaux font les grandes rivières) prélevé sur chaque achat effectué par son détenteur. Ainsi, même si cette carte est annoncée comme gratuite, elle ne l’est pas en réalité.

Puis l’on passe aux choses sérieuses. Jeff se voit demander tous les renseignements possibles et imaginables sur son occupation (plus stable tu meurs), ses revenus (il n’est pas à la rue), son patrimoine (il n’est pas à la rue), ses charges (Églantine et ses gosses sont indépendants) : le profil idéal, quoi. Le conseiller appuie sur la touche « Envoi » et attend le résultat de la grande roue Cofinoga qui tourne, qui tourne… et qui s’arrête finalement sur la case Crédit refusé, carte acceptée. Ce qui est incohérent en soi, déjà, et avec le profil de Jeff. Le conseiller pend un air ébahi, appelle la Centrale, lui explique le cas, dit « oui… oui… oui… » (la réponse de la Centrale dure longtemps), puis se tourne vers Jeff en lui disant que la Centrale a confirmé le refus sans explication (une très longue non-explication). Aucun recours possible, aucune explication possible. Jeff déteste Cofinoga.

C’est ainsi qu’on perd des clients solvables et on garde les autres, ce qui nourrit l’inflation et annonce la prochaine crise : croissance des liquidités d’une part et de l’endettement de l’autre…

Consolation qui n’a rien de piètre, les vendeuses des rayons matelas Simmons et couettes Drouault : disponibles, aimables, compétentes, efficaces, attentives. Jeff et Akbar s’accordent pour espérer que le BHV s’atèle maintenant à l’accueil de ses banquiers…

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

5 commentaires »

  1. Aux dernières nouvelles, Jeff attend les mails de Cofinoga pour demander son crédit

    Commentaire par francois75002 — 2 août 2009 @ 16:22

  2. Comment comprendre le contraste entre une vendeuse très commerçante, charmante, et extrêmement compétente dans ce domaine et un partenaire financier aussi tortueux ?

    Commentaire par francois75002 — 2 août 2009 @ 21:55

  3. Ce n’est pas le même métier : l’un vend des objets, l’autre vend de l’argent. . .

    Commentaire par Miklos — 2 août 2009 @ 21:57

  4. [...] sommier ensemble. C’est idiot, qui voudrait le faire séparément ? Moi je crois que c’est la faute à Cofinoga : ils se vengent que je n’ai pas pris leur carte. Du coup, les livreurs ont laissé le [...]

    Ping par Miklos » Life in Hell: Jeff’s dreams come true — 12 août 2009 @ 22:38

  5. [...] électronique émanant de « Cécile de Cofinoga » et dont Akbar est la cible se poursuit. Ces courriers prétendent qu’Akbar s’est inscrit sur leur site – c’est faux – et qu’il [...]

    Ping par Miklos » Life in Hell: Akbar increasingly hates Cofinoga — 15 janvier 2010 @ 22:32

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