Tout et son contraire
Le titre et le premier paragraphe de ce récent article de TF1 ne manquent de faire penser au refrain de la célèbre chanson à boire, Chevaliers de la table ronde, ou, moins musicalement, à une récente performance de Google Translate.
Sur le fond, comment ne pas comprendre le poids parfois insurmontable de certains noms de famille. Ce n’est d’ailleurs pas la seule raison de vouloir en changer comme le montre Nicole Lapierre dans son très intéressante étude consacrée à cette démarche (on en avait déjà parlé), et cette démarche n’est d’ailleurs pas toujours le fait d’un choix personnel – j’en sais quelque chose.
Mais ce poids concerne parfois aussi des prénoms et pas uniquement pour des raisons familiales. Ainsi, Aaron K., ce professeur (maintenant retraité) que j’avais connu à l’université : né en Allemagne peu avant la guerre, il avait pu s’en échapper vers l’Angleterre à temps – il était juif – dans le cadre de l’opération Kindertransport. Ce que j’ai appris bien plus tard, c’est que son prénom d’origine était Adolf…
Quitte à se remémorer une personnalité qui a porté ce prénom, autant évoquer Adolphe Crémieux (né, lui, Isaac Moïse…), à qui l’on doit, entre autres, l’abolition de la peine de mort pour fait politique et de l’esclavage dans les colonies (mesure « ajournée » par Arago), alors qu’il était ministre de la justice du gouvernement provisoire en 1848 ; la fondation en 1860 de l’Alliance universelle israélite, qui, outre son activité pédagogique, a aussi défendu les chrétiens du Liban massacrés par les Druzes quelques années après sa fondation ; et, dans le gouvernement de 1870, de fameux décrets, non pas uniquement celui qui accordait la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie jusque là soumis au statut de dhimmi, mais aussi la naturalisation des « indigènes musulmans et des étrangers résidant en Algérie », ou encore la fin de l’administration militaire d’Algérie.