Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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26 octobre 2013

Life in Hell: petits meurtres entre amis

Classé dans : Actualité, Cuisine, Musique, Théâtre — Miklos @ 0:52


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Jeff et Akbar sont secoués : devant leurs yeux écarquillés, ils voient une femme, accrochée à son téléphone comme une noyée à sa bouée, en train d’être larguée par son mec. Ils entendent tout ce qu’elle dit dans le combiné. Elle fait semblant d’être forte mais elle ingurgite en douce des médocs, et laisse entendre qu’elle a essayé de se tuer la veille tout en n’ayant pas le courage de mourir seule. Le bellâtre – dont ils peuvent deviner le discours en creux de celui de la pauvrette –, doucereux, menteur, lui explique qu’il est obligé de rompre bien malgré lui. Et elle qui le trouve si bon – et même bien plus que Zsa-Zsa Gabor, qui disait « Je n’ai jamais détesté un homme après une rupture au point de lui rendre ses diamants. » –, elle prend tous les torts sur elle et essaie de le rassurer, « Sois tranquille, on ne se suicide pas deux fois de suite… Je ne saurais pas acheter un revolver. »… Évidemment, ça se termine très mal. Applaudissements à tout rompre des centaines de badauds qui contemplent la scène.

Jeff trouve que ces émotions, ça donne faim. Akbar lui propose d’aller au restaurant où Spirou et sa bande des Fab’ Preps l’avaient invité, et où il avait voulu tester une de leurs célèbres pizzas mais s’était vu servir des lasagnes, à peine tièdes, en plus (ce qui avait permis à Akbar de râler in peto tout en faisant contre mauvaise fortune bon cœur devant ses gentils hôtes). Elles étaient malgré tout bonnes, et les pizzas, qu’il pouvait contempler dans les assiettes des autres lui paraissaient fort appétissantes, c’est pourquoi il est disposé à retenter le coup.

Le patron les accueille avec un grand sourire – il reconnaît Akbar – et un accent italo-sicilien particulièrement appuyé. Il leur propose une table dans l’étroite véranda extérieure. Curieux !, dit Jeff, et Akbar n’en pense pas moins.

Ils passent commande. Jeff, ayant découvert et adoré le gelato alla liquirizia en Sicile, se jette sur une bière à la réglisse à laquelle il rajoute la pizza de la maison, aux cèpes. Akbar de son côté précise bien que c’est une pizza qu’il veut réellement, avec une bière blanche s’il vous plaît. Ils auraient bien pris du Lambrusco, ça fait si longtemps…, mais au prix auquel il est affiché ils auraient pu s’offrir ailleurs un Dom Perignon 2000. « C’est sur les boissons qu’ils se font leur blé », constate Jeff. « J’espère que la farine qu’ils en tirent est à la hauteur des épis », murmure Akbar à l’affût.

Dès la commande passée, un nuage de fumée de cigarette les enveloppe et s’insinue dans leurs narines. Ni une ni deux, Akbar, indigné, interpelle un serveur et demande une autre table qu’ils obtiennent rapidement.

Enfin, les pizzas arrivent. Akbar est déçu : rien à redire, pas la moindre critique même en y cherchant bien ; elles sont chaudes, la pâte est élastique, la garniture généreuse et le service sympathique. Bon, Akbar aurait sans doute préféré que la sienne soit un chouia moins cuite, d’à peine quelques secondes, pour la pâte comme l’est celle de Jeff, mais même comme ça, il la trouve tellement meilleure que les pizzas qu’il a mangées ailleurs qu’à Naples qu’il en oublie de ronchonner. Jeff, quant à lui, trouve la sienne même trop généreuse. Le comble !, se dit Akbar.

J’y reviendrai un de ces jours, rajoute-t-il.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

25 octobre 2013

We are all sorcerer’s apprentices


Walt Disney’s Fantasia (1940)

I discovered Nick Carr’s intelligent and lucid critical analyses of the impacts of ever-increasing omnipresence of digital technology years ago, in 2005. Ever since, I have found that his views aren’t that far from mine on the subject. Needless to say, they aren’t rooted in rueful longings for a paradise lost, nor are we neo-Luddites or, worse, Unabombers.

Take for example his 2008 Atlantic Monthly paper, Is Google Making Us Stupid? What the Internet is doing to our brains: decrease in capacity for concentration [on a single task] and contemplation, trouble reading in-depth long articles or books (if you can read his whole paper uninterruptedly and in one sitting, you haven’t been yet that much affected), change in the style of writing (Twitter is to writing what surfing is to reading), increased reliance or dependence on search engines (or is it on a search engine). He justly quotes Richard Foreman who writes: “I see within us all (myself included) the replacement of complex inner density with a new kind of self—evolving under the pressure of information overload and the technology of the ‘instantly available’.”

In a paper published yesterday in the Atlantic Monthly, “All Can Be Lost: The Risk of Putting Our Knowledge in the Hands of Machines”, he describes how we react to computer failure, e.g., pilots in airplanes: not only those systems are so complex that it is sometimes difficult to gauge what happens when they start failing, but overreliance on them has made us less able than in the past to take over when they do so (can you still mentally figure out how much you’ll pay when you exit a supermarket?). In his words, “Overuse of automation erodes pilots’ expertise and dulls their reflexes, leading to what Jan Noyes, an ergonomics expert at Britain’s University of Bristol, terms ‘a de-skilling of the crew’”.

This isn’t new. Without going back to Plato who bemoaned the negative influence that the invention of writing would have on human memory which Carr quotes it in his 2005 article, this increased dependence and its long-term mental and physical debilitating effects are reminiscent of H.G. Wells’ description of the humans of the future, in his 1895 novel The Time Machine: “The Eloi, like the Carolingian kings, had decayed to a mere beautiful futility.”

Except that our future is likely not to be beautiful. Yes, it is true that while we loose (some?) skills we gain a lot: but as we go higher and faster and live longer, we are also much more tracked and controlled than before by a myriad of the eyes and ears of ever-increasing world-wide complex and interlocked systems in which local failures may cause global harmful repercussions much farther and faster than ever before. And now that we know that the Earth resources aren’t infinite and that a much larger system is breaking down due to our combined negligent and sometime willful actions and inactions, and without not only our technical but also political will and ability to fix or to stop its disruption, we may be less apt to face the unexpected.

Is the future still in our hands? Definitely so, but probably not the way we hoped it would be.

23 octobre 2013

Droit du sol en question, ou, Boutons ces étrangers-là hors de France

Classé dans : Actualité, Nature, Photographie, Politique, Société — Miklos @ 17:06

« L’Éternel dit à Abram : Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. » — Gen. XII:1.

« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. » — Matt. II:13.

Vous craignez encore d’écoper du Copé ? Alors faisons court mais faisons bien : c’est çui qui dit qui est. Plus bref que ça tu meurs.

En moins bref : on ne sait si la famille de l’individu en question, composée d’immigrés (dont le grand-père, originaire de Roumanie, le pays d’où des hordes seraient en train d’envahir la France ; dont la mère, originaire du continent d’où des hordes envahissent toute l’Europe par Lampedusa) a bénéficié du droit du sol qu’il veut remettre partiellement en question, tandis que la madone du parti auquel le sien fait du pied veut l’éliminer entièrement comme l’avait fait un certain maréchal-nous-voilà.

Quoi qu’il en soit, on trouverait alors logique qu’il propose de dénaturaliser tous les descendants d’immigrés clandestins en France, à commencer (on ne va pas remonter plus loin) par les Francs (hordes qui avaient envahi la France, heu, la Gaule, à partir de la Pannonie, très proche de la Roumanie actuelle, comme quoi…).

Et les Bretons, prenons la peine d’en parler, Madame Le Machin Truc : que ce soient les hordes de Bretons en provenance de l’actuelle Grande Bretagne ou les Celtes, hordes dont le berceau se trouverait en Autriche (elle-même pas si éloignée de la Roumanie, comme quoi…) qui aient peuplé votre notre Bretagne à tous, leurs descendants sont devenus Français soit du fait du mariage sous contrainte d’Anne de Bretagne à Charles VIII, soit du fait du droit du sol : ne serait-il pas temps de vous rendre votre liberté ?

Pour ma part, né sur ce sol d’une immigrée et d’un étranger, je n’ai, moi, aucun problème avec ce droit ni avec ceux qui en bénéficient en France. En fait, nous sommes tous des immigrés ou des descendants d’immigrés. Il y en a toujours eu, depuis la nuit des temps – que ce soit sur ordre divin ou poussés par la nécessité – et jusqu’à ce jour, et il y en aura toujours, autant se faire à l’idée, non ? Et si vous voulez arrêter un flot qu’on ne pourra bientôt plus endiguer, réellement, ce serait celui des mers ; alors combattez plutôt le réchauffement climatique, au moins ça sera utile aux générations futures.


Street art. Autres photos ici.
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19 octobre 2013

Les dits des neuf, le 18

Classé dans : Actualité, Peinture, dessin, Photographie — Miklos @ 0:07


Les Spirou’s Fab Eight Preps et Akbar, illustrés par Selim
et authentiquement autographiés.
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Le dit d’Eliot

Mes amis,

Si je vous ai tous réunis ici ce soir,
C’est pour vous présenter un certain Akbar
Un homme sans pareil, un concentré d’art
Vraiment, si j’ose dire, avec lui on se marre.

Vraiment, qui parmi nous peut faire valoir
Qu’il a écrit tout un poème rimant en –oir
Vraiment, je vous le dis : nous sommes trop couards
Mais un peu de silence, je vous prie, Paul-Édouard.

Qui parmi nous a été assez couillard
Pour transformer nos députés en affreux canards,
Mais je vous entends d’ici, bande de trouillards
La prépa vous angoisse, vous vous couchez déjà si tard !

Mais ce n’est qu’une excuse, qu’un canular !
Comme Akbar, vous avez des tours à tous les tiroirs !
Ouvrez-les, n’ayez crainte, de création ne soyez pas avares,
Et ne badigeonnez pas votre personnalité d’un puant fard…

Car la prépa, les notes, tout ça n’est qu’accessoire !
L’important, comme dirait Farah, c’est d’y croire !
Et si pour vous les journées d’études ne sont qu’un purgatoire
Écoutez avec profit ce petit réquisitoire.

Car enfin regardez-vous ! Vous êtes tout souriards ; tout gaillards, tout tortillards, tout riards ! Je vous en conjure, ne devenez pas vieillards, grenouillards ou franchouillards !

Moi, avec lui, je deviens drôlement plus débrouillard
J’apprends par exemple qu’une serviette se pose sur un séchoir
Et de la langue française je deviens un vaillant hussard
Parce que chez lui, des livres il y en a, monsieur, et pas des J’aime lire ou des Éditions Bayard !

Mes amis. Camille, Selim, Théa, Marie, Paul-Édouard,
L’instant et l’homme sont rares
Alors portons-leur un toast, mes amis ; je dis : « À Akbar ! »

Le dit de Michel

Friends, Romans, Countrymen,W. Shakespeare, Julius Caesar, III.2.

Lend me your ears…W. Shakespeare, Julius Caesar, III.2.

Rassurez-vous, je continue, ou plutôt reprend, en français. (Soupirs de soulagement dans l’assistance.)

Mesdames, Messieurs,

Comme vous – ou certains parmi vous –, étudiants au fait des arcanes des droits français et européen et de leurs applications, devez le savoir, une circulaire des services du Premier Ministre datée du 21 février 2012 a banni l’usage du terme « mademoiselle » des formulaires et des correspondances des administrations (sans pour autant préjuger du statut marital des personnes concernées). Je n’aurais donc pu décemment saluer les demoiselles parmi vous sans avoir opté pour le faire également à l’égard des damoiseaux qui honorent ces bancs (sans pour autant préjuger de leurs statuts maritaux respectifs et ce d’autant plus que la loi sur le mariage pour tous vient de passer, sujet que Spirou m’a récemment exposé doctement). Et puisque nous ne sommes pas à Rome, je ne peux faire comme Marc Antoine et vous exhorter, Amis, Romains, compatriotes, à me tendre votre oreille.

Comme vous – ou certains parmi vous –, lecteurs assidus des aventures d’Akbar, devez le savoir, ce dernier ne s’exprime qu’in peto, silencieusement ou en marmonnant. Lorsqu’il eut reçu votre invitation qui, soit dit en passant, lui est allée droit au cœur, il m’a demandé de me substituer à lui par devers vous malgré son désir de vous remercier personnellement et les préparatifs qu’il avait engagés pour ce faire, et ce bien que mon accent anglais en français soit plutôt américain et donc contraire aux stipulations de la dite invitation : Akbar aurait été incapable de prononcer quoi que soit à haute et intelligible voix. Je me suis donc plié à ses desiderata tout en étant bien loin de posséder ses talents littéraires et oratoires.

Ces préliminaires étant dits, le seul discours que je pourrais faire en guise de conclusion serait empreint de xyloglossie. Pour vous l’épargner, j’ai emprunté le reste de mon allocution à l’un des sites « Générateurs de discours langue de bois », tout en en préservant la syntaxe et l’orthographe (que vous ne pouvez heureusement voir) mais en y corrigeant la citation :

Mesdames et messieurs. J’ai pas mal regardé sur Internet pour préparer ce discours. Le meilleur conseil que j’ai trouvé vient d’un illustre président qui disait : « Soyez sincères, soyez brefs, restez assis ». Alors merci beaucoup d’être venus. OK.

Et, pour éviter de faire preuve de logocratie, je ferai derechef appel au grand barde d’Avon (malgré mon accent) : O, give ye good even! Here’s a million of manners.W. Shakespeare, Two Gentlemen
of Verona
, II.1
Oh ! donnez-nous une bonne soirée ; cela vaut un million de compliments.

Le dit de Paul-Édouard

Si Spirou m’était conté

Je voudrais vous parler de notre ami Eliot.

Tel un don quichotte, pourfendeur de moulins,
Il chevauche gaiement parmi les parisiens.
Redoutez qu’un jour un maraud ne l’ennuie,
Il l’estourbira d’un coup de parapluie.

Sa maîtrise patente de l’anglais populaire,
On la retrouve aussi dans ses goûts vestimentaires.
Pantalon prince de Galles fruit d’un feu au plancher,
Est-ce là l’explication de ces couleurs chamarrées ?

Mais qui est-il cet être anachronique,
Dont humblement je dresse la chronique ?
Son nez aquilin, sous un regard candide,
N’a pas les proportions d’une caryatide.

Pourtant il est plaisant de le laisser conter,
Les drames indolents de ses vertes années,
Où un certain Akbar, poésie personnifiée,
Lui confisque sa viande au nom d’un texte sacré.

Le dit de Léo

Michel. Ce nom, à mes oreilles,
Sonne comme un doux parfum,
Teinté de safran et de miel.
Tes yeux, Michel, de cette lueur éternelle,
Transpercent mon âme, virile et belle.

Ce n’est qu’en te voyant ce soir, Michel
Que mon cœur, soumis à toi, pauvre hère,
Ne saurait se remettre d’une telle perfection,
Dieu lui-même, en son Assomption,
N’aurait eu pour idée pareille illusion.

Cette perfection transpire de ton être, Michel,
Il transpire, il déborde, il suinte,
Tel Pâris dans la couche d’Hélène,
Susurrant à son oreille la terrible vérité :
Je t’aime.

Entends ce cri, Michel, cette douleur, ce maux,
D’un petit ptérodactyle pris en défaut :
Défaut d’être, défaut d’exister, défaut d’aimer, je ne sais.

Dès lors, Michel, c’est dans cette festive soirée,
Lorgnée d’âmes bien faites,
Qu’autour de nous, se dessinera notre destin, funeste,
Qui, je l’espère, sera longtemps mêlé au tien, Michel.

Le dit de Selim

Dans ma Vendée profonde, ma foi riche d’histoire, les événements comme celui-ci se font rares. Avant de me jeter la fronde, je tiens à vous préciser que parfois les mots s’envolent. Ce soir est un de ces moments où, intimidé et effrayé je tente en vain de trouver une cachette. Et malgré un nombre incalculable de pirouettes, je vais devoir affronter cette peur qui m’accable. « Allez mon vieux, lance toi, c’est le moment de crier haut et fort à quel point ta nouvelle vie te plaît, à quel point tu aimes et t’émerveilles ! » Il est marrant lui, il croit que c’est fréquent dans ma province que de s’adonner à cette pratique, entouré de paysans et de chasseurs qui écoutent Renaud jusqu’à l’aube ?

Maintenant que je suis devant un public d’amateurs, mes jambes se dérobent, je ne veux pas décevoir, ma place au sein de la capitale en dépend. Je ne peux décevoir Michel qui nous apparaît ma foi comme un guide. Je ne peux décevoir aucun de vous sous peine d’être un paria et de marcher seul dans les rues de Paris.

Vous êtes mon Paris à moi, tout ce petit monde qui m’entoure. Il y a quelqu’un autour de cette table qui se sentira encore davantage visée, tant je lui ai répété cette phrase des millions de fois. Seulement je parle d’un tout, je parle de l’univers que vous avez créé et qui me donne envie de continuer la prépa toute ma vie.

Ce n’est que le début, il s’en passera des choses et d’ailleurs il s’en est déjà passé un certain nombre. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Rivarol a dit : « On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va. »

Avant toute chose, merci pour votre disponibilité. Merci encore pour votre compagnie, tout simplement, et pour tout ce que celle-ci apporte : de la culture, du rire et de la grande gastronomie (il est vrai que pour votre part, cette condition n’est pas vérifiée mais elle le sera la prochaine fois, pour sûr). Et bien sur, merci d’héberger notre cher Eliot (ou Spirou) qui est pour nous un ami très cher. Continuez à prendre soin l’un de l’autre. Et tout le monde sera heureux, aussi heureux que hier soir.

Merci, et à très vite j’ose espérer.

Le dit de Farah

L’amitié ce n’est pas qu’un paysage !
Mais seulement le début d’un long voyage,
Une chevauchée par-delà les nuages.
Scindée par de fabuleux mirages.
L’amitié c’est la sincérité des êtres
Une palette nimbée par l’essence de la planète.
L’amitié c’est un acquiescement de tête
Un assentiment de deux cœurs perdus éperdus,
Un balbutiement dans l’immensité s’offrant à la nue.
Une bouée lorsque l’on sombre
Un coup de soleil dans les pensées catacombes
De rester lorsque la vie s’effondre…
C’est aussi un secret à partager.
Un souffle salvateur sur l’esprit préoccupé.
L’osmose bienfaitrice d’où émane le paradis
Vivre dans la solitude
C’est vivre des instants rudes
Subir la triste habitude
C’est vivre sans certitudes
Ce genre d’existence est glacial
Dans notre vie pas de rivale
Juste une grosse défaite
Suite à une lourde tempête
Il faut donc prendre le train de l’avenir
Accrocher les wagons du plaisir
À nouveau créer des liens
Pour ressentir les effets du bien
Comme des enfant, nous voilà aujourd’hui réunis
Autour de toi, notre nouvel ami dont Spirou nous a vanté les fantaisies
Tout là-haut l’étoile du soir
Trace le chemin de l’espoir
Il faut savoir ouvrir son cœur
Pour laisser entrer le bonheur
L’innocence de nos sourires
Sont les briques de notre empire
Mains dans la main, joyeusement
Nous, nous combattrons le temps
Notre rictus devient grand
Nous ne sommes plus des enfants
Et mon sourire s’élargit
Maturité, nous voici.

Le dit de Marie

C’est en tant qu’amatrice de la rime que je vous voue ces quelques vers
Michel, Akbar ou Miklos, comment désigner l’écrivain transcendant que vous êtes ?
L’histoire commença par un poème en –oir, où votre plume malicieuse nous transperça.
Au cœur de nos discussions, vos talents de poète suscitaient notre vénération,
Et c’est alors que naquit une envie fulgurante de faire votre rencontre,
Afin de vous avouer notre sincère admiration.
Toujours à l’affût de nouveaux articles sur votre site,
Et réfléchissant alors jour et nuit au moment propice pour vous convier,
Vous animiez nos conversations jusqu’à l’arrivée de ce jour tant convoité.
Je ne peux terminer ce discours sans glisser un mot sur Spirou.
Prenez soin de lui, c’est un petit ange qui vous admire beaucoup.
Je n’ajouterai qu’une chose :
Mille mercis pour votre disponibilité
Ainsi que pour ce festin partagé.

Le dit de Théa

Vous mes amours, mes amis.

Il y a deux mois de ça,
Je me morfondais chez moi
Quel grand dilemme vivais-je alors ;
Partir à Paris, fournir de nouveaux efforts ?

Je me suis finalement résolu à de douloureux adieux
Et appelé de tous mes vœux
Que la vie dans la capitale me soit agréable
Et que je rencontre des personnes incroyables.

Quelle fut ma surprise lorsque je fis votre connaissance
Tous autant que vous êtes, je sais ma chance
Ce sont de belles années qui nous attendent à Turgot
Et j’ose espérer que ce ne soient pas que des mots.

Sur notre deuxième rangée, nous continuerons de nous installer
Des cris de Ptérodactyle, Léo continuera de pousser
Des grands discours Camille continuera d’énoncer
Juju, grâce à Marie, ne quittera pas nos pensées
Grâce à Farah il en sera de même pour « yéyé »
Paul-Édouard nous enchantera avec des expressions qui, depuis longtemps, ne sont plus usitées,
Selim, avec sa guitare continuera de nous émerveiller
Et Eliot avec ses airs de dandy anglais continuera de nous charmer.

Sous couvert de Spirou il enjolivera encore, on l’espère, le blog d’Akbar
Qui à notre plus grande joie partage notre repas ce soir.

Le dit de Camille

Paris, c’est la carte postale dont j’avais tant rêvé, Paris c’était le 13 juin dernier, et la carte s’est animée.

En fait, Paris c’est un peu cette citation d’Oscar Wilde, « Tout comme la poésie, la sculpture ou la peinture, la vie a ses chefs-d’œuvre précieux. »

Paris, c’était le 4 Septembre dernier. Je rencontrais enfin les figurants qui allaient changer ma vie. Ce soir, je voulais vous dire que vous êtes la plus belle carte postale de Paris. Vous tous au milieu de ces décors improbables, au milieu de tant d’histoire.

Il y a eu Paris au lever du soleil, et Paris la nuit. Il y a eu les étoiles qui brillaient au-dessus des quais de Seine. Il y a eu des airs de guitare et puis des paroles de chansons. Il y a eu les pavés mouillés le Samedi matin, il y a eu les footings dans les parcs. En fait, durant ces deux mois, il y a déjà eu tellement de choses que je ne puis tout raconter.

Et maintenant, au milieu de toutes ces merveilles qui habitent Paris, il y a vous, Akbar.


Les Spirou’s Fab Eight Preps et Akbar, authentiquement photographiés :
Marie, Farah, Camille, Paul-Édouard, Léo, Michel, Eliot, Théa, Selim.
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Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

16 octobre 2013

Ceci n’est pas un titre

Pour ceux qui, à mon instar, épluchaient avidement la fameuse revue Scientific American, avaient dévoré La Chasse au Snark, Les Aventures d’Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir, ou encore celles du prêtre détective Brown et parcouru (en diagonale, je l’avoue) La Complainte du vieux marin, Martin Gardner n’est pas un inconnu : c’était avant tout pour moi l’auteur d’une myriade de jeux mathématiques qu’il publiait dans sa rubrique du mensuel américain. C’est, soit dit en passant, une pratique fort ancienne aussi de ce côté-ci de l’Atlantique : il suffit de se plonger dans les Problèmes plaisants & délectables qui se font par les nombres de Claude-Gaspar Bachet (1581-1638) ou dans les Récré­ations mathématiques d’un lointain successeur, Édouard Lucas (1842-1891). Gardner y exposait souvent aussi des théories mathématiques d’une façon compréhensible pour le lecteur (très) appliqué que j’étais, passionné depuis mon enfance par les maths. Il le faisait avec intelligence et humour, et arrivé au bout de la lecture on ne pouvait que lancer un Ahhhhhhh ! d’émer­veil­lement, parfois de compré­hension mais aussi de soulagement. Puis je découvris ses commen­taires des œuvres de Lewis Carroll, de G. K. Chesterton et de l’épopée fantastique en vers de Coleridge : logiques, clairs, et tout aussi passion­nants, ils en donnent souvent des clés sans pour autant banaliser les côtés poétique, merveilleux et fantastique de ces textes. Bien plus tard, je tombai sur son roman initiatique The Flight of Peter Fromm, qui décrit de façon romancée sa propre recherche spirituelle à travers les divers mouvements et tendances protestants américains.

Le New York Times publie ces jours-ci un article consacré à Martin Gardner (et qui comprend une énigme que vous ne manquerez pas de tenter de résoudre, si, si !) à l’occasion du 99e anniversaire de sa naissance et la publication des son autobiographie, qu’il avait terminée peu avant son décès en 2010, dont le quotidien fournit un chapitre passionnant. On peut y lire la relation qu’en fait l’auteur de ses rapports amicaux et scientifiques avec quelques-uns des grands mathématiciens de la seconde moitié du XXe siècle. Il y parle entre autre de Raymond Smullyan, qui n’était pas que chercheur mais aussi auteur de nombreux recueils de problèmes tout aussi délectables et qui faisaient souvent appel à des paradoxes logiques autoréférentiels tels que ceux brièvement illustrés par les titres de deux de ces ouvrages dont on peut voir reproduites ici les couvertures.

Imaginez-vous un instant souhaitant acheter celui de gauche dans une librairie anglophone :

– Vous : “Hello, I’d like to know if you hold a book I’m interested in.”

– Le vendeur : “Sure. What is the name of this book?”

– Vous : “Sure: What Is the Name of This Book?

On peut supposer que le vendeur n’entendra pas les italiques et les majuscules dans votre réponse et que ce dialogue se poursuivra à l’instar de celui, célèbre, d’Abbott et Costello, Who’s on First? s’il ne se termine par un pugilat.

Il s’avère toutefois que Smullyan n’est pas le premier à avoir intitulé un livre ainsi : en 1841, parait (à Paris, s’il vous plaît !) The Book Without A Name de Sir T[homas] Charles and Lady Morgan. La dame en question – née Sydney Owenson en Irlande (vers 1783-1785, selon le Dictionary of National Biography, tandis que les Wikipedias française, anglaise et suédoise indiquent 1776, 1781 et 1783, respec­ti­vement) –, était femme de lettres en son propre titre, mais avait ici aidé son mari dans la rédaction de cet ouvrage-ci (et n’en était donc pas le seul auteur, contrairement aux informations wikipédiennes).

La choix du titre est expliqué dans l’introduction à l’ouvrage qui s’avère être la republication d’articles parfois inachevés qui s’étaient empilés dans un dossier et qui donneraient matière à ce qu’on appellerait aujourd’hui littérature de salon (les beaux livres qu’on place sur une table basse pour les y faire admirer à défaut de les lire) ou de salle d’attente… Avec un recul ironique, cette introduction en guise d’avertissement ne manque de sel à l’égard des modes de l’époque – on est en 1841 ! – qui sont toujours d’actualité… : « Maintenant, tout le monde écrit et peu ont le temps de lire. » La voici :

The reason for not giving a name to the following papers is, simply, that their authors had no name to give. The golden age of literature, when titles for books were “plenty as blackberries,” when publications were few, readers many, and authors (in the Horatian phrase) were things to point the finger at—that golden age is passed and gone. Now every one writes, few have leisure to read; and an unpreoccupied title is more difficult to be met with than the industry which goes to write a volume, or the enterprise that undertakes to publish it.

This difficulty will be more readily acknowledged, when a further statement is made, that the present venture is, for the most part, a mere funding of literary exchequer bills, a gathering into the fold of certain stray sketches, some of which have already appeared in different leading periodicals of the last ten or fifteen years. Such re-publications are a prevailing fashion of the day (to which, by-the-by, we are indebted for much pleasant reading, that otherwise would have been “in the great bosom of oblivion buried”); and even while these pages were passing through the press, more than one appropriate title under consideration had been seized on by others, who, in thus “filching from us our good name,” had so far “made us poor indeed,” that they reduced us to the necessity of preferring no name at all to a bad one.

The original articles which have been added to the collection, (owing to the continued illness, for many months, of one of the authors), have been taken, rather than selected, from a portfolio, where many such “unfinished things” have from time to time been deposited, and all but forgotten.

Books like the present were allowed, in former days, to find sanctuary in the parlour window-seat, then the great receptacle for whatever, in literature, might be idly taken up, and as carelessly dropped. At present, they may aspire to become “bench fellows” with that large class of miscellaneous compositions, the albums, annuals, books of beauty, and beautiful books; and if got up “to match,” may make their way to the drawing-room table, along with other elegantly-bound volumes, “to be had of all the booksellers” and venders of knick-knacks in the kingdom.

Quant aux articles, il y a un peu de tout – cela aurait donné, de nos jours, matière à un blog, sans doute. On a lu le premier, Le Cordon Bleu, qui ne manque pas de sel (au figuré, s’entend) et qui, tout en portant un regard critique et amusé sur les mœurs culinaires et du rôle de la femme moderne (de l’époque) – c’est Lady M. qui s’exprime ici, sans aucun doute –, brosse une histoire (personnelle) de la gastronomie à travers les âges. En voici le début, en guise de mise en bouche, dans une traduction en français publiée la même année :

Nous vivons dans une triste époque… quand je dis, nous, je veux parler des femmes. Privées de tout pouvoir, nous n’exerçons même pas le plus léger contrôle sur les passions humaines ; l’amour devient un calcul, le mariage une spéculation, et l’amitié, cet attribut particulier de notre sexe, n’est plus qu’un vain nom. La lueur d’un cigare fait pâlir l’éclat des plus beaux yeux, et le plus séduisant de tous les pieds féminins peut se cacher sans regret désormais sous les épais falbalas d’une robe trop longue ; car des cœurs cuirassés par l’égoïsme ou par un Petersham sont maintenant à l’abri de pareils traits. La pantoufle de Cendrillon passerait de main en main dans tous les clubs de l’Angleterre sans inspirer la moindre passion, même parmi les gardes ou parmi les membres du club CrockfordThe Guards and Crockford’s, club londonnien.. La Jeune FranceRegroupement de romantiques à la coquetterie révolutionnaire
créé en 1831, en réponse à l’appel « À la JeuneFrance »
lancé par Victor Hugo dans une ode du 10 août 1830.
et le dandyisme de l’Angleterre ne fourniraient pas un seul individu capable de s’extasier sur un corsage avec Saint-Preux, ou d’envier avec Waller la pression d’une ceinture. Ils ne sont plus ces jours où l’enlèvement d’une boucle de cheveuxDans un poème de Pope. agitait la société jusque dans ses fondements, et cet âge d’or durant lequel toutes les femmes étaient charmantes et tous les hommes charmés, devient aussi fabuleux que les contes des Mille et une Nuits.

Femmes de ce siècle, où régnez-vous encore en souveraines ? Je vous le dis franchement, votre trône est maintenant….. dans la cuisine.

« Ma belle, demandait Henri IV à l’une des filles d’honneur de Marie de Médicis, quel est le chemin de votre cœur ? – Par l’Église, Sire, répliqua sans hésiter celle à qui s’adressait une semblable question. Mais si les sommités féminines du règne de son petit-fils, les Maintenon, les Conti et les Soubise, eussent été interrogées devant une chambre étoilée de coquettes, sur le moyen le plus certain de parvenir à un cœur royal, elles se fussent, sans aucun doute, empressées de répondre, d’après leur propre expérience : Par vos côtelettes, mesdames. »

C’est là un fait incontestable ; jamais les femmes ne sentirent mieux tout le parti qu’elles pouvaient tirer de la cuisine qu’à l’époque de leur plus grande puissance. Elles comprirent cet art important dans sa physiologie, dans sa moralité et dans sa politique. Les fameuses côtelettes à la Maintenon de la maîtresse de Louis XIV ne favorisèrent pas moins ses projets de domination absolue que la révocation de l’édit de Nantes, et ses dragées et ses dragonnades aboutirent au même résultat, c’est-à-dire au triomphe de son insatiable ambition. Les femmes anglaises qui ont reçu la meilleure éducation connaissent à peine aujourd’hui le matériel d’une entrée, ou les éléments qui donnent un certain caractère à un entremets ; elles ne sauraient pas préciser le moment de l’apparition d’un hors d’œuvre, ou de l’enlèvement d’une pièce de résistance. Mais cette grande femme d’État, cette écrivain élégant, la première cuisinière de son siècle, – qui gouvernait la France et exerçait une si grande influence sur l’Europe, – était aussi capable de tenir, avec un égal génie et la même attention pour les moindres détails, le plus modeste ménage de son royaume. Il y a dans la correspondance de madame de Maintenon une lettre que toutes les maîtresses de maison devraient étudier et apprendre par cœur, comme leur Bréviaire : c’est celle dans laquelle la signataire fait le relevé de la dépense de la maison et de la table de son prodigue frère, et s’efforce de mettre un frein salutaire au désordre domestique de sa belle-sœur, qu’elle accuse de connaître aussi peu la science de la toilette que celle de la cuisine. Cette lettre se termine ainsi : « Si mes calculs peuvent vous être utiles, je n’aurai pas de regret à la peine que j’ai prise de les faire, et du moins je vous aurai fait voir que je sais quelque chose du ménage. »

Les femmes ont été créées par Dieu pour faire la cuisine ; et si parfois les hommes ont usurpé un certain pouvoir dans le ménage comme dans l’État, cet envahissement eut toujours pour cause le besoin temporaire qu’on avait de leur force physique.

Pas très féministe, mais savoureux.

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