Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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25 novembre 2010

Un autre secret

Classé dans : Histoire, Judaïsme, Photographie, Shoah — Miklos @ 2:42

Lors d’une récente table ronde au musée d’art et d’histoire du judaïsme consacrée à l’autobiographie, l’écriture nécessaire, le psychanalyste Philippe Grimbert a évoqué le secret dont il parle dans son livre éponyme. En l’écoutant parler, je me souviens…

Adolescent, j’aime regarder les photos de famille.

Celles du passé de ma mère, ou plutôt de ses passés, se trouvent dans deux ou trois belles boîtes de bois laqué dans lesquelles je farfouille périodiquement. Il n’y règne aucun ordre, une photo du 19e siècle peut avoisiner une autre prise cent ans plus tard dans un autre monde, certaines se font face tandis que d’autres se tournent le dos, tête bêche ou cul par-dessus tête. Les prendre une à une s’apparente à une loterie, la surprise est chaque fois totale. Impossible de retrouver une photo si ce n’est par hasard.

Il y a là ma mère enfant et sa famille, principalement issue de la bourgeoisie juive aisée et émancipée à Odessa d’avant la Révolution (une cousine avait tout de même épousé Trotski) : les femmes, de mère en fille, se ressemblent toutes, belles et ténébreuses, posent souriantes avec leurs maris ou petites avec leur Michka, loin d’imaginer le sort tragique qui frappera leurs descendants en 1917 où ils perdent tous leurs biens, puis en 1939-1945 où ma grand-mère et son fils au regard si profond dont je tiens le prénom perdent la vie. D’autres disparaissent on ne sait quand ni où. De ses onze oncles et tantes il ne reste que de belles photos comme tirées de gravures de modes anciennes et une cousine et son frère.

Je vois dans la boîte une jeune fille timide se tenant à l’ombre d’une religieuse dans le pensionnat où elle est placée : c’est elle, envoyée adolescente, seule, en France. Une chance qui lui permet d’éviter le sort de sa famille restée en Russie, un traumatisme qu’elle ne surmonte pas, celui de la séparation d’avec ses proches, sa langue et sa culture. J’y retrouve le couple chez lequel elle vit jusqu’à son mariage après la guerre (qu’elle passe cachée en zone libre), issu, lui, d’une bourgeoisie française catholique, pratiquante et bonapartiste : ils sont comme des parents pour elle, ils lui évitent d’être raflée pendant la guerre en se mettant en danger, eux dont je dirai plus tard, « mes grands-parents, les pauvres, ils n’ont jamais eu d’enfants ». Quant à mes vrais grands-parents, les pauvres… Les photos de ce troisième grand-père enfant, habillé à la mode du 19e siècle, me surprennent : on dirait une petite fille. Il connaît Apollinaire qui en parle dans un texte que ma mère me montre. Je me souviens de lui dînant en costume, une grande serviette blanche nouée autour du cou et recouverte par sa belle barbe blanche rectangulaire, buvant précautionneusement et avec plaisir du vin chaud dans une tasse cylindrique en porcelaine blanche. Leur appartement, parenthèse temporelle d’un 19e siècle immuable dont ils semblent n’être jamais sortis eux non plus, grand et silencieux, la chambre où elle se réfugie – Julien Gracq lui écrit : « Je vous voyais si seule malgré l’affection de vos parents adoptifs » –, et où je ne me lasse d’explorer et de réexplorer les meubles d’époque, une bibliothèque directoire aux vitrines en biseau dans l’entrée, la salamandre en céramique vert sombre dans le salon non loin d’un magnifique Boulle dans lequel est rangée la belle vaisselle tout contre une vieille TSF que j’écoute l’oreille collée contre le poste, des objets beaux, désuets ou étranges tels un mouchoir à bougie en porcelaine, un pince-nez, une petite statue d’Hégésipe Simon le précurseur posée dans les toilettes ou une boîte en bois qui permet de voir des cartes postales en relief, placée dans le fourre-tout où se trouve l’inépuisable bibliothèque dont je dévore tout le contenu sans distinction, Balzac, Maurice Leblanc, Lectures pour tous, Troyat et Jack London…

Mon père, lui, range ses photos dans des enveloppes. Des mondes disparus eux aussi : celui des Juifs pieux du shtetl de Galicie où il est né peu avant la guerre et donc encore en Autriche-Hongrie, les hommes aux grandes barbes blanches comme celle de mon troisième grand-père mais différentes, moins bourgeoises – mon grand-père, réfugié à Vienne pendant la grande guerre, doit la tailler pour ne pas avoir l’air trop juif –, aux papillotes descendant le long du visage ou rangées derrière les oreilles, un regard bon et intelligent encadré d’une paire de lunettes métalliques ovales, la tête couverte d’un calot noir, les femmes solides et essentielles en perruque, modestement vêtues de noir. Ils sont tous, à leur façon, d’une rare élégance, non pas celle d’une mode, ils n’en ont ni les moyens ni surtout l’intérêt, mais dans leur maintien d’une grande dignité, dans leur générosité discrète pour ceux qui sont encore plus démunis qu’eux. À partir de 1939 il n’y a plus de photos, il n’en reste que quelques cartes postales, la dernière écrite quelques instants avant qu’ils ne soient raflés en 1942. Elles aussi sont bien rangées.

Puis il y a les photos des camps de jeunes qu’il anime, d’abord en Pologne puis en Palestine : toutes posées de façon conventionnelle (ce qui atténue l’émotion à la vue de ce monde lui aussi disparu), à l’exception de celle, étrange, où on le voit assis par terre dans une tente, les jambes croisées et soufflant dans une flûte comme un charmeur de serpent, lui qui ne sait jouer d’aucun instrument. Une photo de sa sœur cueillant des oranges dans un verger un fichu sur la tête, une autre de ses enfants à elle se tenant la main, des photos de son frère beau comme un Rudolph Valentino avec sa magnifique femme colombienne apparentée à Dali (ce qui fait pendant à Trotski, me disé-je), tant d’autres photos aux personnages non identifiés mais dont je ne me résous à me séparer.

Ces deux univers qui n’ont de commun que la fatalité de l’histoire des Juifs se rencontrent. La très belle femme paumée, inconsciente de sa beauté radieuse, courtisée par de jeunes et brillants intellectuels, l’homme modeste, réservé et attentionné, et que les valeurs religieuses et sociales, indissociables, structurent sans le rendre dogmatique. Enfin quelqu’un qui l’aime vraiment et sur lequel elle peut compter.

Un jour que je feuillette pour la ennième fois ces enveloppes, je remarque une vieille photo d’identité : une belle jeune femme au visage avenant, un petit chapeau noir sur la tête, qui ressemble – c’est ce qui me frappe – à la femme d’un cousin, surtout les yeux souriants. Je demande à ma mère qui est-ce, elle me répond « la première femme de ton père ». Comme ça, simplement.

Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais su que papa avait été précédemment marié.

J’apprends qu’il l’avait épousée en Pologne juste avant la guerre, les deux familles se connaissaient depuis longtemps. Rentré en Palestine, il y fait toutes les démarches pour obtenir des autorités du mandat britannique le fameux certificat qui lui permettrait de faire venir sa femme auprès de lui. Il l’obtient finalement, la Croix rouge le transmet à l’occupant nazi en Pologne, qui se met à la recherche de la femme pour la faire partir, mais sans succès. Après la guerre, mon père est déclaré veuf. Il fait connaissance avec ma future mère. Dans une lettre que je trouve des années plus tard, il écrit à sa sœur – celle qui cueillait des oranges dans le verger –pour lui raconter être tombé amoureux, lui qui pensait ne plus jamais pouvoir aimer une autre femme.

J’apprends aussi alors que le frère de cette malheureuse femme habite non loin de chez nous, avec femme et enfants : nos deux familles se fréquentent depuis toujours, je ne m’étais jamais demandé comment on se connaissait, c’est comme ça, voilà.

À l’enterrement de ma mère, plus de vingt ans plus tard, une voisine de notre l’immeuble et la veuve de ce frère se retrouvent côte à côte. La voisine demande à cette dernière quel rapport elle a avec moi, c’est la première fois qu’elle la voit. L’autre répond, « je suis sa tante ». Autre découverte : pour moi ce sont des amis de toujours, mais elle a raison, puisqu’elle est la belle-sœur de mon père.

Je vois toujours ses deux filles (dorénavant grands-mères). Ce n’est qu’il y a deux ou trois ans que l’une d’elles me raconte pourquoi les Nazis n’avaient pu trouver sa tante : apprenant, on ne sait comment, que les autorités la recherchaient et craignant d’être raflée, elle s’était cachée. Si elle ne l’avait fait, elle aurait été sauvée.

PS : On trouvera ici une relation plus détaillée et plus à jour de l’histoire de la première femme de mon père.

22 novembre 2010

Souvent femme varie…

Classé dans : Musique — Miklos @ 3:26

Élèves de neuvième, notre professeur de solfège Mademoiselle Farenc nous avait enseigné, en s’accompagnant d’un guide-chant, les deux premiers couplets de Ton humeur est, Catherine (ainsi, d’ailleurs, que Les trois hussards, bien moins gaillarde malgré ses trois protagonistes qui « marchaient de façon gaillarde et chantaient d’un air dégagé »). Son auteur, on vient de l’apprendre un demi-siècle plus tard, est un certain Desroches (1686-1735) « donné comme excellent dans le genre Qui imite ou rappelle la poésie de Marot, sa manière, ses procédés (genre familier, ton de badinage, emploi d’archaïsmes, etc. (TLFi)marotique élégant et badin, témoin la chanson qui a tant couru, qu’on n’a pas oubliée à Paris et qu’il fait en sa première jeunesse : Ton humeur est Catherine. » (cité par Henri Jacoubet, in Le comte de Tressan et les origines du genre troubadour, 1923).

Effectivement : nombre de comédies françaises de l’époque en reprenaient l’air sur d’autres paroles, mais, plus curieusement, elle est citée dans Polly (1729), opéra de John Gay, qui est la suite de son célèbre Beggar’s Opera (qui inspirera l’Opéra de quat’ sous de Kurt Weill et Bertold Brecht, deux siècles plus tard). Dans Polly, c’en est une traduction fidèle dans l’esprit comme on peut le voir en comparant ce couplet avec l’original :

Woman’s like the flatt’ring ocean;
    Who her pathless ways can find?
Every blast directs her motion;
    Now she’s angry, now she’s kind.
What a fool’s the vent’rous lover,
    Whirl’d and toss’d by every wind?
Can the bark the port recover
    When the silly pilot’s blind?

À lire la version intégrale de l’original, on comprend enfin pourquoi la demoiselle qui devait avoir coiffé une autre Catherine, la sainte, depuis belle lurette, ne nous en avait révélé que le début…

T

on humeur est Catherine,
Plus aigre qu’un citron vert,
On ne sait qui te chagrine
Ni qui gagne, ni qui perd ;
Qu’on soit sage ou qu’on badine,
Avec toi c’est choux pour choux,
Comme un vrai fagot d’épines
Tu piques par tous les bouts.

Si je parle tu t’offenses ;
Tu grognes si je me tais ;
Lorsque je me plains tu danses,
Quand je ris je te déplais :
À ton oreille mal faite,
Mes chansons ne valent rien,
Et ma tant douce musette1,
N’est qu’un instrument de chien.

Cependant quoi que tu dises,
Je ne puis quitter ces lieux :
Et quoique tu me méprises,
Partout je suivrai tes yeux.
Je m’en veux mal à moi-même ;
Mais quand on est amoureux,
Un cheveu de ce qu’on aime
Tire plus que quatre bœufs.

D’un plein pot de marjolaine,
Quand je te fis un présent,
Aussitôt pour mon étrenne
Tu le cassas moi présent.
Si j’avais cru mon courage,
Après ce beau grand merci,
Ma main qui bouillait de rage
T’eût cassé la gueule aussi.

Pour te mettre en oubliance
À d’autres j’ai fait la cour,
Mais par cette manigance
Tu m’as baillé plus d’amour ;
Je crois que tu m’ensorcelles,
Car à mes yeux ébahis,
Auprès de toi les plus belles
Ne me sont que du pain bis.

L’autre jour d’un air honnête
Quand je t’ôtai mon chapeau,
Plus vite qu’une arbalète,
Tu le fis sauter dans l’eau ;
Et puis d’un ton d’arrogance,
Sans dire ni qui, ni quoi,
Tu me baillas l’ordonnance
De m’approcher loin de toi.

Chacune de tes deux joues
Semble une pomme d’api,
Comme deux morceux de roues
Sont à tout point tes sourcils.
Tes yeux, plus noirs que des merles,
Semblent mouches dans du lait ;
Et tes dents, un rang de perles
Aussi blanches que du lait.

Pour ta bouche, elle est plus rouge
Que n’est la crête d’un coq ;
Et ta gorge, qui ne bouge,
Paraît plus ferme qu’un roc.
Quant au reste, il m’en faut taire,
Car je ne l’ai jamais vu ;
Mais je crois que tu dois faire
Sans chemise un beau corps nu.

Par la morgué ! c’est dommage
Que tant de rares beautés
Ne me soient pour tout partage
Qu’un sac plein de duretés.
Quand ton humeur est revêche,
Je rumine en mon cerveau,
Et tu me sembles une pêche
Dont ton cœur est le noyau.

Le soleil, qui fond la glace,
N’est pas plus ardent que moi :
Comme un gueux de sa besace,
Je me sens jaloux de toi :
Au grand Colas, qui te lorgne,
Je veux pocher les deux yeux,
Ou du moins en faire un borgne,
Si je ne peux faire mieux.

Avec lui, dans nos prairies,
Tu t’en vas batifoler,
Vous jasez comme deux pies,
Et moi je n’ose parler,
Il te prend, il te chatouille,
Te caresse le groin,
Et moi, d’abord que je grouille2,
Tu me flanques un coup de poing.

Sangué ! vois-tu Catherine,
Je n’y saurais plus tenir ;
Je crève dans ma poitrine,
Il faut changer, ou finir.
Tu me prends pour une bûche,
Parce que j’ai l’air benin :
Mais tant à l’eau va la cruche,
Qu’elle se casse à la fin.

Quand j’aime une créature,
Jarnigoi3 ! c’est tout de bon :
Je suis doux de ma nature
Autant et plus qu’un mouton.
Mais quand mon amour sincère
N’est payé que d’un rebut,
Dame ! alors dans ma colère,
Je suis pis qu’un cerf en rut.

____________________________

1 Sorte d’instrument de musique champêtre, auquel on donne le vent avec un soufflet qui se hausse et se baisse par le mouvement du bras. (…) Il se dit aussi d’un air fait pour la musette. (Dictionnaire de l’Académie française, 1811). C’est dans le premier sens qu’il faut l’interpréter ici, tandis que dans la célèbre romance Ô ma tendre musette, sur une belle et mélancolique musique de Monsigny (1729-1817) et des paroles de La Harpe, c’est le second.

2 Dès que je remue.

3 Je renie Dieu.

21 novembre 2010

Maintenant tu ne fais vraiment plus partie de ma vie

Classé dans : Récits — Miklos @ 21:43

La conférence avait attiré un public nombreux qui se pressait à l’entrée. Plutôt troisième et quatrième âges, ceux qui portaient des souvenirs de seconde main qu’ils n’en finissaient de ravauder comme leurs parents l’avaient souvent fait avec les habits de leurs clients. Un brouhaha sympathique remplissait le hall : tout le monde connaissait quelqu’un, et même si ce n’était pas le cas, ils s’interpellaient, se parlaient, se racontaient. Sauf les jeunes, eux ils étaient comme dans un musée.

Il allait entrer dans la salle quand il l’aperçut du coin de l’œil. Cela faisait plusieurs années qu’il ne l’avait vue, mais il la reconnut sans même avoir à la regarder. À sa silhouette un peu épaissie mais pas trop, comme la sienne d’ailleurs se dit-il, mais surtout à son regard comme aux aguets, qui traversait la foule, qui allait, il en était convaincu, le harponner. Ne l’avait-elle pas assez fait depuis le jour où ils avaient fait connaissance à l’entrée d’une autre conférence, il y avait de cela un quart de siècle, mais c’était comme hier. Ah, les souvenirs.

Il se demanda ce qu’il pourrait bien lui dire : « bonjour » – sans le prénom qui aurait donné une tournure trop familière, ni le « Madame » qui aurait été insultant –, peut-être, mais après ? Quelque expression polie savamment choisie pour ne pas lui donner prise, pour la garder à distance, elle qui ne pouvait s’y résigner, et qui, périodiquement, tentait de renouer ce qu’elle avait cassé ? Il ne saurait faire. Lui signifier simplement qu’il n’avait rien à lui dire et salut (« au revoir », pris littéralement, était trop dangereux) ? Ce n’était pas vrai : il aurait eu beaucoup à lui dire, à lui crier même, mais à quoi bon, elle ne l’avait jamais entendu.

Après toutes ces années, elle ne le connaissait pas quoi qu’il ait fait ou dit, du mieux qu’il pouvait, pour se mettre à nu devant elle : il aurait fallu qu’il corresponde en tous points à son désir impossible à satisfaire, celui de l’homme idéal, de l’ami-amant-père qu’elle n’avait jamais eu, qui lui donnerait tout et auquel elle ne devrait rien. Elle ne le regardait et ne l’écoutait qu’au travers de ce filtre. Elle n’admettait aucun de ses défauts, ne lui pardonnait aucune de ses faiblesses. Elle notait tout, et donc se rappelait tout. Lui, il lui arrivait d’oublier, ce qu’elle ne supportait pas. Il la comprenait, elle le lui reprochait assez d’ailleurs, « Comment se fait-il que j’adore les cadeaux que tu me fais et que tu n’aimes pas les miens ? ». Lui qui savait l’écouter et la rassurer dans ses crises d’angoisse, elle le blessait, au début sans s’en rendre compte ou par incompréhension et puis après sciemment, par des remarques déplacées puis acerbes et récurrentes.

Il ne voulait pas lui jeter au visage ces souvenirs qui remontaient maintenant comme un reflux gastrique et qu’il avait espéré enfouis depuis suffisamment longtemps pour lui donner l’illusion de s’être estompés pour de bon. Il ne voulait pas le faire parce qu’il ne voulait pas la blesser, elle qui se délectait dans la blessure ; depuis qu’il en avait pris conscience, il s’était gardé, effaré, de nourrir cet appétit monstrueux de quelque façon que ce soit tout en se rendant compte que, quoi qu’il fasse, elle y trouverait un grief jouissif qu’elle ne manquerait pas de lui exprimer dans une longue lettre au ton revendicateur. Même lorsqu’elle disait vouloir faire table rase du passé, elle ne pouvait s’empêcher de l’invoquer en s’arrogeant le rôle de victime.

C’était elle qui avait rompu leur relation. Avant, il l’avait mise en veilleuse à deux ou trois reprises, pour respirer, en espérant que la tension qui montait comme dans une cocotte allait diminuer puis disparaître, et qu’ils pourraient se retrouver pour partager de nouveaux des moments joyeux comme au début. Mais quand ils se revoyaient, il se rendait compte qu’il n’y avait pas de retour possible : il ne pouvait plus avoir l’esprit libre et léger, il devait être dorénavant sur ses gardes, qu’allait-il dire ou faire qui allait lui faire sortir ses griffes ? Bien qu’il eût finalement pris conscience de l’inéluctabilité de leur échec, il n’avait pas voulu rompre, se disant qu’elle en souffrirait, et il espérait que ce serait elle qui en soit l’instigatrice.

Quelque temps plus tard, il reçut enfin une longue lettre de rupture pleine de mépris à son égard, « Et si j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider, je le paierai. » Il est vrai que toutes les dernières fois où elle lui avait proposé de se voir, ç’avait été pour lui demander un service. Il répondit brièvement qu’il en prenait acte. Elle tenta aussitôt de faire marche arrière, de dire qu’elle avait envoyé cette lettre par erreur, qu’elle avait voulu la garder sous le coude au cas où. Mais ces mots, elle les avait écrits pourtant, elle ne pouvait prétendre que rien ne s’était passé. Il n’y a pas de retour possible.

Depuis, elle avait tenté de le revoir près de son lieu de travail, de lui parler en l’appelant chez lui, elle lui avait envoyé des courriers auxquels il s’était gardé de répondre, et avait même écrit à l’un de ses proches. Dans sa dernière lettre, elle exprimait surtout son angoisse de la vieillesse, de la mort. Ah, c’est donc pour cela qu’elle m’écrit, se dit-il, elle a encore besoin de moi…

Il ne pouvait lui dire tout ça. Il ne pouvait rien lui dire d’autre. Il entra dans la salle comme si de rien n’était. Elle, il le savait, l’avait reconnu.

À la fin de la conférence, il la vit sortir rapidement de la salle. Il attendit quelques instants, et se dirigea vers l’escalier. Au bas des marches, elle jaillit – il n’en fut pas surpris – des toilettes où elle s’était tapie pour être sûre de le voir passer. Elle lui lança d’un ton aigri « C’est nul, c’est nul de faire semblant de ne pas me voir. Maintenant tu ne fais vraiment plus partie de ma vie. »

Il retrouva là sa moue boudeuse, sa voix enfantine. Au début, quand elle riait aux éclats d’une voix cristalline, il en était émerveillé, c’est après qu’il avait commencé à remarquer son regard de petite fille éperdue qui cherche à s’agripper à son papa quand elle a maille à partir avec un méchant garçon. Les hommes, pour elle, étaient d’ailleurs soit gentils, soit méchants.

Il se dit alors qu’il était enfin devenu méchant pour de bon. Il bredouilla quelques mots qu’elle n’entendit pas et la laissa s’éloigner.

20 novembre 2010

Alla breve. XXXIII.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 23:16

[230] Écoutez l’opéra Margaret Garner. Margaret Garner était esclave au Kentucky. Parvenue à s’échapper avec sa famille, ils sont découverts et cernés. Pour éviter de retomber en esclavage, elle jure de tuer ses enfants et de se tuer, et parvient à poignarder sa fille âgée de deux ans avant d’être maîtrisée et emprisonnée. Elle n’est pas jugée pour meurtre mais pour dégradation de propriété – en tant qu’esclave, elle n’a ni droits ni devoirs – et est renvoyée en esclavage avec son mari. Sur la base de cette histoire bien tristement vraie, le compositeur Richard Danielpour, lauréat d’un Grammy en 1991 pour toute son œuvre, et l’écrivain Toni Morrison, lauréate du prix Nobel de littérature en 1993 et du prix Pulitzer en 1988, ont collaboré à la composition de cet opéra dont la première mondiale a eu lieu en 2005. Le rôle titre est interprété par la soprano Denyce Graves, pour laquelle Danielpour a composé la partition du personnage. La National Public Radio américaine (dont on n’a de cesse d’apprécier la grande qualité de la programmation) propose l’écoute intégrale de l’œuvre, accompagnée d’éclairages du compositeur et de la librettiste. Celle-ci précise qu’il ne s’agit pas tant d’une histoire concernant le racisme, mais l’esclavage, ce qui n’est pas la même chose. « Tout le monde, chrétien, noir, juif, européen… a eu des esclaves parmi ses ancêtres. Ce n’est pas non plus à propos du fait de l’esclavage, mais de ses conséquences, de ce qui se passe intérieurement, émotionnellement, psychologiquement, quand on est soumis à l’esclavage. Que fait-on pour transcender cette circonstance ? C’est ce que cet opéra s’évertue à révéler. »

[231] Comment voyager avec un violoncelle. Umberto Eco avait étudié une problématique similaire, celle concernant le saumon. Mais le violoncelle, c’est une autre paire de manches, même s’il n’est pas fumé et qu’on n’essaie pas de le mettre dans le mini-frigo d’une chambre d’hôtel : le problème est en amont. Kristin Ostling, membre du quatuor américain Carpe Diem (aucun rapport avec un autre poisson, la carpe), s’est vu refuser l’entrée en Grande Bretagne du fait qu’elle voyageait accompagnée de son violoncelle, avec lequel elle venait accompagner (juste retour de procédé) gratuitement une conférence à l’Université de Leeds. La raison ? Se basant uniquement sur la taille de l’instrument, le gabelou de Sa Majesté en a conclu qu’elle tentait de s’infiltrer subrepticement pour travailler dans son royaume, et qu’il lui fallait donc un visa de travail en bonne et due forme, pour éviter sans doute qu’elle ne se joigne aux milliers de violoncellistes sdf qui saturent les rues de la capitale. Les autres membres du quatuor, équipés qui d’un violon qui d’un alto, ont pu franchir la frontière comme une lettre à la poste. La morale de cette histoire, la rirette, la rirette, c’est que les universités anglaises devront dorénavant bannir de leurs concerts toutes les œuvres comprenant un instrument d’une taille supérieure à, disons, 75cm, ou alors se contenter de violoncellistes britanniques pur jus (si si, il y en avait eu de bons : Jacqueline du Pré, évidemment, mais aussi Felix Salmond, dont le patronyme facilitait sans aucun doute le voyage avec son instrument en le noyant dans l’eau, en quelque sorte). (Source)

[232] Le chien qui chante. Si nous avons en France un chat qui pêche, les Britanniques, dont on vient de voir qu’ils ont un sens de l’humour bien particulier surtout quand il s’agit de musique et d’espèces animales, peuvent dorénavant apprécier un nouvel opéra à propos d’un chien qui chante. C’est l’histoire d’un chien errant, battu et affamé : « J’ai tout vécu, je suis résigné à mon destin, et si je pleure maintenant, c’est seulement à cause du froid et de la douleur physique, parce que mon âme n’est pas éteinte… c’est vivace, une âme de chien. » Elle est vivace, l’âme russe. Il sera recueilli par un médecin, qui va greffer au malheureux canidé l’hypophyse et les organes génitaux d’un homme venant de mourir. Et c’est là que tout dérape : la gentille bestiole devient odieuse, car le donateur était en fait un ivrogne grossier et sans scrupule, et se transforme en bureaucrate type. Le médecin finira par lui retirer les organes humains et lui remettre les siens. Cette histoire n’est pas sans rappeler la splendide et terrible nouvelle Des Fleurs pour Algernon, mais la précède de plusieurs décennies : il s’agit de Cœur de chien, la nouvelle satirique de Mikhaïl Boulgakov, écrite en 1925 et qui a sans doute inspiré Orango de Chostakovitch (voir brève suivante). Le texte, dans une traduction française de Vladimir Volkoff, est disponible en Livre de poche. L’opéra éponyme a été composé en 2008-2009 par le compositeur russe Alexander Raskatov (fils d’un journaliste connu du célèbre magazine satirique russe Krokodil) sur un livret de Cesare Mazzonis. La première mondiale avait eu lieu à Amsterdam, et il est actuellement représenté pour la première fois à Londres, au English National Opera. Dépêchez-vous, c’est jusqu’au 4 décembre. Pour vous aider à vous décider, voyez ceci. Le chien s’appelle, dans l’opéra, Charik (ce qui veut dire en russe « boulette ») et son rôle est tenu par trois personnes, la soprano dramatique Elena Vassilieva pour sa voix audible de chien, le contre-ténor Andrew Watts pour ses pensées et le ténor Peter Hoare pour sa voix humaine. (Source)

[233] Création mondiale d’un opéra de Chostakovitch. Ou presque. Orango est un opéra « satirique sous forme de fable futuriste » que Dimitri Chostakovitch avait commencé à composer clandestinement en 1932, sur la base d’un livret de l’écrivain Alexis Tolstoï (1882-1945) et le critique littéraire Alexandre Startchakov (né en 1892 et fusillé en 1938). Sujet éminemment séditieux – inspiré partiellement, semble-t-il, de la nouvelle Cœur de chien de Boulgakov dont nous venons de parler –, comme on peut le lire dans l’article du Devoir de mars 2009 qui relate la découverte récente de larges fragments de l’œuvre dans les archives du compositeur au musée de la culture musicale Glinka à Moscou. C’est l’Orchestre philharmonique de Los Angeles sous la direction d’Esa-Pekka Salonen qui aura l’honneur de donner en 2011 la première mondiale de l’orchestration qu’en a effectué le compositeur et musicologue britannique Gerard McBurney, spécialiste de musique russe : il avait étudié au Conservatoire de Moscou et a publié de nombreux articles et textes savants sur la musique russe et soviétique (on peut lire ici un article qu’il a consacré à Chostakovitch à l’occasion du centenaire de sa naissance). On ne sait exactement pourquoi Chostakovitch n’a pas achevé son projet. Salonen émet l’hypothèse qu’on lui a donné le conseil amical de se consacrer à un autre projet, s’il souhaitait rester en vie. (Source)

[234] La nuit des Mayas. La nuit dernière, France 3 a rediffusé un concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Kristjan Järvi (le mardi 27 octobre 2009 au Théâtre du Châtelet), intitulé La Nuit des Mayas… au cœur de la musique sud-américaine. Il tire la première partie de son titre d’une œuvre du compositeur et chef d’orchestre mexicain Silvestre Revueltas (1899-1940), La noche de los Mayas, suite orchestrale (1939) ; il s’agit en fait de la musique pour le film éponyme de Chano Urueta. Plusieurs éditions en ont été publiées après sa mort, notamment une sous forme d’une suite en quatre mouvements par José Ives Limantour, et une autre en deux mouvements par Paul Hindemith. Contemporain moins connu car plus discret d’intellectuels et d’artistes très actifs après la révolution culturelle, à l’instar de Diego Rivera ou de Frida Kahlo, sa musique n’était pas uniquement joyeuse ou exaltante, satirique ou ironique, selon l’analyse qu’en fait le poète Octavio Paz : elle est profondément imbue d’une empathie joyeuse pour l’homme, l’animal et les choses, bien plus signifiante que nombre d’œuvres de ses contemporains. L’enregistrement qu’a fait Esa-Pekka Salonen avec l’Orchestre philharmonique de Los Angeles d’un CD consacré entièrement à Revueltas a gagné un Diapason d’or en 1999 (on peut le voir diriger ici le quatrième mouvement de La noche de los Mayas). Le concert de l’orchestre de Paris comprenait, en sus de cette œuvre, Estancia, quatre danses d’Alberto Ginastera, la Suite pour guitare à sept cordes et orchestre de Mauricio Carrilho et le Concerto pour bandoneon et orchestre d’Astor Piazzolla. Très enlevé et swingant, comme concert. Les notes de programme du concert fournissent des détails fort intéressants sur les quatre œuvres et sur le contexte de leur composition. Pour les anglophones, on conseillera aussi la lecture des notes de programme du Kennedy Center consacrées à cette œuvre. (Source)

[235] L’Italie paie l’Europe pour un concert. Ça ne rigole plus à la Commission européenne : celle-ci a ordonné à l’Italie de lui payer la coquette somme de 720.000 €. Cette somme, prise sur des financements régionaux européens, avait été utilisée par les autorités locales pour organiser un concert d’Elton John au festival de Piedigrotta à Naples en septembre 2009. La raison : ce type de subvention peut servir à soutenir la culture, mais uniquement lorsqu’il s’agit d’investissements structurels à long terme, tels qu’une exposition d’œuvres d’art, la construction d’équipements culturels ou la restauration d’anciens bâtiments. La vache à lait européenne commence à se tarir… (Source)

Alla breve. XXXII.

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[223] Vous avez tout juste une semaine pour… écouter gratuitement la retransmission, par la BBC, de l’enregistrement du concert Electronica donné le 6 octobre au Queen Elizabeth Hall de Londres. Ce concert était consacré aux instruments électroniques avec orchestre ; sur scène, il y avait deux thérémines (dont un joué par Lydia Kavina, petite-nièce de leur inventeur Lev Termen), deux ondes Martenot, six synthés et d’autres gadgets, en sus du BBC Concert Orchestra dirigé par Charles Hazlewood. Les œuvres présentées par Javis Cocker comprenaient : •••» la musique du film The Day The Earth Stood Still (Le jour où la terre s’arrêta) de Bernard Herrmann, qui a composé aussi la musique d’autres films célèbres (Psycho de Hitchcock, Citizen Kane, Taxi Driver) et d’émissions de radio (notamment pour Orson Welles) ; •••» la Suite Delphique (pour Iphigénie en Tauride) d’André Jolivet, pour ondes Martenot et quelques instruments acoustiques ; •••» Smear pour deux ondes Martenot et orchestre, la première œuvre classique et joliment acide de Jonny Greenwood (de Radiohead) ; •••» Journeys Into The Sky pour six synthétiseurs et orchestre, une création de Will Gregory (du groupe – attention avant de cliquer – Goldfrapp), partie expérimentale de son prochain opéra (qui sera diffusé en mars la BBC) consacré au vol stratosphérique d’Auguste Piccard en 1931 ; •••»  Luening*/Ussachevsky* – A Poem in Cycles and Bells & Other Music For Tape Recorder, composée en 1957 par Otto Luening et Vladimir Ussachevsky et adaptée pour bande magnétique et orchestre ; •••» Spellbound Concerto pour thérémine et orchestre de Miklós Rózsa pour le film éponyme de Hitchcock (en français : La maison du docteur Edwardes) ; •••» une orchestration de The Model pour thérémine et orchestre de (attention avant de cliquer…) Kraftwerk par la compositrice Ann Dudley, membre fondatrice du groupe Art of Noise et lauréate d’un Oscar pour la musique de Full Monty. Prévoyez de délicieux frissons dans le dos. (Source)

[224] Pollini et Chopin. Le 7 décembre, le (très grand) pianiste Maurizio Pollini donnera un récital d’œuvres de Chopin à la salle Pleyel. Au programme, Prélude op.45, Vingt-quatre Préludes op. 28, Deux Nocturnes op. 27, Scherzo n° 1 op. 20 et huit des Douze Etudes op. 25. À l’occasion de son soixantième anniversaire, en 2002, Deutsche Grammophon avait sorti un coffret de douze CD plus un bonus couvrant la carrière de Pollini et la variété des genres qu’il a maîtrisés : classique, romantique et contemporaine. (Source)

[225] Deux nouvelles sonates de Vivaldi. Deux sonates inconnues de Vivaldi, ainsi que des œuvres de Haendel, Corelli et Purcell, ont été découvertes dans une collection de manuscrits que possédait un homme d’affaires et acquise par le Foundling Museum de Londres en 2008. Selon des musicologues, il semblerait que ces sonates aient été composées pour des musiciens amateurs. L’une d’elle, en do majeur, sera créée à Liverpool demain dimanche. Le musée en question faisait partie jusqu’en 1998 de la fondation pour enfants Coram, elle-même héritière du Foundling Hospital, institution caritative destinée à recueillir les enfants abandonnés (« foundling » signifie enfant trouvé). Cet hôpital avait été créé en 1739 par un mécène, Thomas Coram, avec, entre autres, l’aide du compositeur Georg Frideric Handel, grâce à des concerts de ses œuvres. Le musée actuel est constitué de deux fonds, l’un concernant l’histoire de l’hôpital, et l’autre consacré à la vie et à l’œuvre de Handel ; c’est la plus grande collection privée concernant Handel. Elle comprend des manuscrits, des livres, des médailles et des œuvres d’art du XVIIIe au XXe siècles. (Source)

[226] Deux pianistes primés aux Pays Bas. Ralph van Raat est le lauréat du Prijs Klassik établi par NTR (service de radiodiffusion et télévision publique spécialisé dans l’information, l’éducation et la culture), qui lui a été décerné pour son plaidoyer sur le thème « composer de la musique aux Pays Bas ». Grand défenseur de la musique contemporaine (plusieurs disques, dont un très récent, chez Naxos), il avait décroché en 2005 le prix Elisabeth Everts, récompensant un musicien prometteur en début de carrière. Ce prix vient d’être décerné à Hannes Minaar (26 ans), lui-même déjà lauréat de plusieurs concours, dont celui de la Reine Elisabeth de Belgique. (Source)

[227] Un jeune chef québécois qui monte, qui monte… Jean-Michaël Lavoie a 28 ans : il a déjà à son actif le poste de chef-assistant de l’Ensemble inter­con­tem­porain ainsi qu’une résidence au Los Angeles Philharmonic en tant que Dudamel Conducting Fellow (Dudamel, faut-il le rappeler, est le très jeune chef de cet orchestre – à peine plus âgé que Lavoie) et va codiriger la création de Quartett, opéra de Luca Francesconi à la Scala de Milan en avril prochain. (Source)

[228] Proust et la soprano sacrifiée. Dans un article intéressant du magazine en ligne Slate.fr, le critique musical Jean-Marc Proust analyse le rôle archétypal de la femme dans l’opéra classique : glorifiée puis sacrifiée, de préférence de façon spectaculaire. « L’opéra aime le gore », écrit-il, exemples (toujours sexués et souvent sexuels) à l’appui. De L’Opéra ou la défaite des femmes écrit en 1979 par la philosophe Catherine Clément au Les femmes et l’opéra d’Hélène Seydoux en 2004, le dépoussiérage de l’opéra s’est accompagné d’une certaine féminisation et d’une libération de la féminité dans la mise en scène et dans l’interprétation du répertoire.

[229] Joyeux anniversaire ! L’Orchestre philharmonique de Liège fête ses cinquante ans en sortant un coffret de 50 CD à 50 €, rassemblant tous les enregistrements parus dans le commerce, dont la plupart ne sont plus disponibles. Œuvres de compositeurs belges, évidemment (à l’instar de César Frank ou de Henri Vieuxtemps), raretés (Léo Ferré en chef d’orchestre), solistes reconnus (Thierry Eschaich, Anne Gastinel…). Fondé en 1960 par Fernand Quinet, directeur du Conservatoire de Liège, l’orchestre aura été dirigé par Manuel Rosenthal (succédant à Quinet), Paul Strauss puis Pierre Bartholomée, et depuis 2001 par Louis Langrée, Pascal Rophé et François-Xavier Roth. (Source)

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